Le Quatuor Molinari a connu plusieurs compositions différentes depuis sa création en 1997. Olga Ranzenhofer, la fondatrice, n'a jamais quitté le poste de premier-violon, mais les années ont vu plusieurs coéquipiers et coéquipières se succéder autour d'elle. Depuis 2007, soit depuis six ans, la composition n'a pas changé.

Cette énième version du Molinari (Ranzenhofer-Bednarz-Lambert-Bouvrette) fit ses débuts le 23 novembre 2007 avec un programme où figurait le deuxième Quatuor de Sofia Gubaïdulina. Hasard, sans doute, le Molinari ouvrait sa 17e saison vendredi en consacrant la soirée entière à la compositrice d'origine tartare née en 1931. (Le Molinari choisit la translittération «Goubaïdoulina» et a certainement ses raisons de le faire.)

Pour apporter un peu de variété à l'audition, le programme comportait des pièces pour diverses combinaisons instrumentales, voire l'ajout d'un piano pour la fin du concert. L'ordre des pièces en suivait d'assez près l'ordre chronologique de composition, de 1981 à 2002, sauf pour la toute dernière, où le Molinari revenait à 1957 et à une jeune Gubaïdulina de 26 ans.

Un auditoire de quelque 200 personnes suivit avec attention le très long concert de plus de deux heures et fit aux musiciens une ovation des plus enthousiastes -- et des plus méritées car les Molinari, une fois de plus, furent absolument prodigieux, tout comme leur invitée, la pianiste Louise Bessette. Dans la salle du Conservatoire récemment dotée de panneaux acoustiques et nettement améliorée quant à la qualité sonore, l'alto et le violoncelle, en particulier, possèdent maintenant une présence accrue. Par contre, la musique entendue appelle plus de nuances.

Sofia Gubaïdulina multiplie les effets instrumentaux et les problèmes d'exécution, agençant souvent le tout avec imagination. Ainsi, dans la pièce d'entrée, pour violon et violoncelle, de très longs passages sont confiés à un seul instrument. On se demande: où est le duo? Tout à coup, les deux se rejoignent à l'unisson, ou bien c'est le violoncelle qui commente en grommelant les espiègleries du violon (M. Bednarz). Brillant. Le problème, c'est que la pièce est beaucoup trop longue (33 minutes!) et un rien prétentieuse.

Dans le Trio à cordes, qui suit, les instruments se lancent d'abord toutes sortes d'interjections puis se fondent dans un ensemble très dense d'où émerge un tout petit motif répété sans fin à l'aigu du violon (cette fois, Mme Ranzenhofer). Comme idée, il y en a là pour cinq minutes. Le tout en fait 17. Ici encore, c'est trop long. La compositrice parle beaucoup mais ne dit pas grand-chose.

Autres exemples de son bavardage: le deuxième Quatuor, à la rigueur écoutable, et la pièce d'après Bach, sans intérêt et d'ailleurs à peine applaudie.

Finalement, le meilleur moment du concert fut peut-être le Quintette en quatre mouvements totalisant une bonne demi-heure. Sans prétention, la débutante en composition signa là une oeuvre tonale englobant à la fois le pathos de Rachmaninov, l'énergie dévorante de Chostakovitch et l'humour de Prokofiev. Les quatre cordistes y connurent de légers problèmes de justesse que dissipa l'envahissant piano de Louise Bessette.

QUATUOR MOLINARI (Olga Ranzenhofer et Frédéric Bednarz, violons, Frédéric Lambert, alto, et Pierre-Alain Bouvrette, violoncelle) et LOUISE BESSETTE, pianiste. Vendredi soir, Conservatoire de musique.

Programme consacré à Sofia Gubaïdulina:

Freue dich!, pour violon et violoncelle (1981-1988)

Trio pour violon, alto et violoncelle (1988)

Quatuor à cordes no 2 (1987)

Reflections on the Theme B-A-C-H, pour quatuor à cordes (2002)

Quintette pour piano et quatuor à cordes (1957)