Adia Victoria insiste pour qualifier sa musique de blues, la résidante de Nashville balaie d'emblée les étiquettes rock ou americana.

On peut certes comprendre ce lien inextricable aux racines de l'expression afro-américaine; attitude blues, inflexions blues, esprit blues, mais... l'indie rock, les variables americana, la musique de chambre contemporaine, le jazz (primitif ou moderne) et l'électro ne cessent de jaillir dans ses chansons excellentes, arrangées et exécutées sous la supervision du multi-instrumentiste Aaron Dessner (The National).

Les 12 titres de ce deuxième album studio signé Adia Victoria sont les stations d'un parcours farouche, hyper lucide, introspectif, assurément féministe, rebelle face au racisme endémique dans le Deep South étatsunien, spectaculairement affranchi du fondamentalisme religieux prégnant au pied des Appalaches sudistes - et dont l'artiste a subi le rigorisme manichéen et le puritanisme moral.

L'enregistrement porte cet alliage rarissime de force brute, de subtilité littéraire et de raffinement musical, on y savoure la tension entre la puissance explosive de l'expression sonore au programme et ces mélodies voilées, doucement exprimées jusqu'aux frontières du susurrement.

À 32 ans, Adia Victoria s'impose ainsi comme l'une des plus brillantes songwriters de l'heure, ce Silences a la charge et le fini des grands albums.

* * * *

Blues, americana, indie rock, électro, contemporain, jazz. Silences. Adia Victoria. Atlantic.