Plus c’est pareil, plus ça change. Parlez-en au Festival international de musique actuelle de Victoriaville (FIMAV), qui s’apprête à célébrer son 40e anniversaire sous le signe du… renouveau.

L’évènement, qui dévoilait sa programmation la semaine dernière, compte en effet un nouveau directeur artistique en la personne de Scott Thomson, qui vient de prendre la barre à la suite du départ à la retraite du fondateur Michel Levasseur.

De grands souliers à chausser. Levasseur était plus qu’un pilier du festival, créé en 1983.

Mais cela ne semble pas trop inquiéter son successeur. Quand on le rencontre, dans son petit logement du Plateau Mont-Royal, force est de constater que Thomson, 48 ans, respire la confiance.

« Je sais que ma programmation est bonne, admet cet Ontarien d’origine, établi à Montréal depuis 2010. J’ai assez d’expérience dans le milieu de la diffusion pour le savoir. C’est clair qu’il va y avoir des gens qui ne vont pas aimer, mais c’est toujours comme ça. De toute façon, j’ai la peau épaisse et jusqu’à maintenant, tous les commentaires sont positifs. »

Le prochain FIMAV, qui aura lieu du 13 au 19 mai, s’inscrit dans la continuité. Comme Levasseur, Scott Thomson est un allumé qui ratisse large. Il y aura du free jazz, de l’expérimental, du noise, de l’électronique, de la musique contemporaine, libre, vivante, flyée, on en passe. Mais le « p’tit nouveau de Victo » pense que les habitués du FIMAV sauront reconnaître sa touche personnelle, qui implique notamment plus de hip-hop et moins de métal.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Scott Thomson

Mes goûts sont différents, mais je ne veux pas tout changer d’un seul coup. J’ai simplement ajouté de nouvelles fleurs au bouquet.

Scott Thomson, directeur artistique du FIMAV

Contrairement à son prédécesseur, Scott Thomson est musicien, ce qui lui donne probablement une autre « oreille ». Tromboniste professionnel, il est impliqué depuis plusieurs années dans la scène jazz actuelle québécoise et s’est déjà produit huit fois au FIMAV, sous différentes configurations, dont l’an dernier, avec l’ensemble du batteur Guy Thouin.

Sans hésitation

Les artistes-programmateurs sont une denrée rare. Mais tout le parcours de Scott Thomson semble aller en ce sens.

En 2007, il a fondé une salle de concert underground à Toronto, le Somewhere There. Puis en 2017, il est devenu directeur artistique du Festival de jazz de Guelph, en Ontario, un poste qu’il occupait encore l’an dernier. Ces deux emplois lui ont permis de développer des compétences et d’étoffer son réseau de contacts.

Il n’a donc pas hésité longtemps quand le poste de Levasseur s’est ouvert au FIMAV, un festival bien établi, avec budget conséquent, situé beaucoup plus près de chez lui.

« J’y ai pensé deux ou trois jours et je me suis dit : je vais me déclarer. Il n’y a quand même pas beaucoup de gens de ma génération avec cette combinaison de compétences », observe ce parfait bilingue, qui a fait des études en littérature avant d’opter pour la musique à l’âge relativement tardif de 25 ans.

Thomson a forcément réfléchi à l’avenir du FIMAV. Il va conserver la formule, mais pense aussi à du « changement progressif ». Il rêve tout haut de concerts en plein air et de spectacles pour les jeunes.

Mais son premier objectif est de « répondre aux besoins des trois communautés » qui font le festival, soit les musiciens, les spectateurs et le milieu local. Question d’être plus proche de son équipe, il a d’ailleurs loué un appartement à Victoriaville, où il passe le plus gros de ses semaines.

Mais ce n’est pas parce qu’il passe ses journées dans un bureau qu’il a cessé la musique. Au contraire. « Je répète chaque jour sur mon instrument, insiste-t-il. Je suis un joueur de cuivre. À la base, c’est quand même mon métier… »

Consultez le site du FIMAV

Cinq choix du programmateur*

Bazip Zeehok : Rock néerlandais, mené par l’ancien chanteur du groupe The Ex, G.W. Sok. « Le FIMAV a une grande histoire avec The Ex. Pour le 40e, ça avait du sens d’avoir quelqu’un qui est reconnu pour ses contributions au festival. »

Sélébéyone : Projet jazz rap mené par le saxophoniste Steve Lehman, avec deux rappeurs, dont un certain High Priest, connu pour son travail avec le groupe hip-hop expérimental Antipop Consortium

The Dwarves of East Agouza : Rock arabo-psychédélique, avec musiciens venus d’Égypte, des États-Unis et de Montréal (Sam Shalabi)

Basileus : Oratorio contemporain signé par le compositeur québécois Pascal Germain-Berardi. Quatre actes, 55 musiciens. Première mondiale et concert d’ouverture. Un legs de Michel Levasseur.

Natural Information Society : Musique minimaliste made in USA, interprétée par neuf musiciens

* La grille-horaire détaillée sera disponible le 13 mars.