(Paris) Il y a 100 ans, le 2 décembre 1923, naissait Maria Callas à New York. Voici quelques moments marquants de la vie de la « prima donna assoluta », relatés au fil des archives de l’AFP.

Et Maria Kalogeropoulou devint La Callas

Le 2 août 1947, le rideau tombe sur le dernier acte de La Gioconda de Ponchielli dirigé par le chef Tullio Serafin dans les arènes de Vérone. L’ovation qui s’élève salue la naissance d’une étoile. La jeune cantatrice a fait ses classes en Grèce et chante déjà depuis huit ans lorsqu’elle rencontre en 1947 Gian-Battista Meneghini, un industriel passionné de bel canto de 28 ans son aîné qui devient son impresario et l’épouse en 1949.

En 1954, elle perd 30 kg et se mue en diva absolue, se produisant dans les plus grands opéras, sans ménager sa voix. « Depuis qu’elle a obligé l’opéra à se souvenir qu’il était aussi une manifestation théâtrale, les défilés de chanteurs ventripotents et de cantatrices rondelettes venant pousser leur air sur le devant de la scène ne sont plus acceptables », écrira l’AFP au moment de sa mort.

Le scandale de Rome

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Maria Callas et son mari Giovanni Battista Meneghini à Paris

Le 2 janvier 1958, Maria Callas ouvre la saison de l’opéra de Rome, en présence du président de la République italienne. À la fin du premier acte de Norma, elle affirme avoir perdu sa voix et refuse de poursuivre. La direction dénonce un caprice de l’ombrageuse diva, alors que quelques sifflets avaient jailli du « poulailler » pendant un de ses airs.

Quelques instants plus tard, elle s’explique « avec volubilité » devant la presse : « À la fin du premier acte, je suis devenue aphone. Comme vous pouvez le constater, je ne peux plus parler ».

Le 16 janvier à Paris, c’est une diva « épuisée et fourbue » qu’un journaliste de l’AFP interroge dans l’ambiance morose d’un salon particulier chez Maxim’s : « J’ai beaucoup souffert le soir de Rome », lui confie-t-elle.

Onassis, le grand amour

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Aristotle Onassis et Maria Callas en 1959

En 1959, elle rencontre l’armateur grec Aristote Onassis et se sépare de Meneghini. Suivent neuf années d’un amour passionné.

« Tard dans la nuit, on pouvait le voir, avec la Callas, dans une taverne athénienne où, ayant ôté sa veste et dénoué sa cravate, il couvrait l’orchestre d’or et cassait, suivant l’usage grec, des piles d’assiettes », racontera plus tard l’AFP. L’idylle prend fin en 1968, quand l’armateur épouse Jackie Kennedy.

Les adieux à l’opéra

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Le ténor Renato Cioni, Maria Callas et le baryton Tito Gobbi sont en vedette dans Tosca.

En 1965, la diva fait ses adieux à l’opéra. Le 20 février, elle triomphe à Paris dans Tosca. Le journaliste de l’AFP témoigne de la ferveur du public pour la cantatrice « plus sensible que jamais, même si elle manque parfois d’ampleur ». « Dès qu’elle est apparue dans l’église du premier acte, en robe rose, couverte d’une vaste écharpe tango, les bras chargés de fleurs, les applaudissements furent tels qu’ils couvrirent la musique et que les premières répliques furent inaudibles », écrit-il.

Le 29 mai, elle fait un malaise à la fin du troisième acte. Le 5 juillet, « malgré les conseils de son médecin », elle monte une dernière fois sur scène à Londres devant Élisabeth II.

Ultime retour

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Maria Callas à la Scala de Milan en 1953

En 1973, elle entame une ultime tournée internationale de récitals. À Paris, « les bouquets pleuvent sur la scène, accompagnant les ovations et les “Viva Maria” », mais les critiques sont « moins enthousiastes ». « Si la technique, la musicalité de la voix ne sont pas en cause, les aigus sont jugés particulièrement pénibles », relate l’AFP.

Dernier soupir

Le 16 septembre 1977, Maria Callas meurt à son domicile parisien d’une crise cardiaque, à l’âge de 53 ans.

« Je viens de la voir sur son lit. C’était l’image même de La Traviata telle qu’elle l’a jouée en 1956 à la Scala de Milan. Son visage n’a pas une ride. Elle a l’air de se reposer », témoigne Michel Glotz, son ancien directeur artistique.