Chose promise, chose due : Roxane Bruneau vient de publier ce troisième album dont elle avait annoncé la sortie lors de ses spectacles au Centre Vidéotron et au Centre Bell, en avril dernier. Il s’intitule Submergé et c’est paradoxal, car la populaire chanteuse se sent plus confiante que jamais au moment de monter sur la scène du MTelus, ce mardi soir.

« J’voulais rien savoir d’un 9 à 5 / j’voulais la gloire, rocker les scènes / Que mon nom soit sur toutes les lèvres », clamait Roxane Bruneau sur J’pas stressée, une chanson de son premier disque paru en 2017. Elle a réussi : en seulement six petites années, elle est passée de l’anonymat aux plus grandes scènes du Québec, a vendu plus de 100 000 disques à une époque où il ne s’en vend plus et accumulé des dizaines de millions d’écoutes sur les plateformes de diffusion en continu.

Son arme secrète ? Son authenticité. Roxane Bruneau chante vrai. À une demi-vérité près : stressée, elle l’a été. Beaucoup.

J’étais à pas grand-chose de ne plus être capable de sortir de chez moi. Ce qui est insidieux avec l’anxiété, c’est que tu ne la vois pas venir et ça va vite. J’avais peur d’avoir peur et, à la fin, de ne plus pouvoir monter sur scène.

Roxane Bruneau

La chanteuse en parle au passé parce qu’elle s’est prise en main et qu’elle va mieux. Elle a appris à se tenir la tête hors de l’eau, comme elle dit sur Submergé, et à mieux respirer, comprend-on. « Je prends mieux soin de ma santé mentale et physique. J’ai commencé à prendre des médicaments, précise-t-elle, tout en ajoutant qu’elle ne dit pas ça pour faire la promotion des anxiolytiques. Et j’ai réalisé que j’avais raison de me faire confiance. »

S’assumer

Submergé (sans « e » à la fin pour que chacun puisse se sentir concerné, précise-t-elle) ressemble aux précédents disques de Roxane Bruneau : elle expose ses failles dans ce mélange d’urgence et de fragilité qui est devenu sa marque, mais témoigne aussi d’une force nouvelle. La voilà maintenant capable de revendiquer ses réussites la tête haute et dans des mots empreints de fierté.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE

Roxane Bruneau en spectacle au Centre Bell, en avril 2023

Avec une pointe de défi, aussi, dans la pièce-titre, où la chanteuse dit que c’est maintenant elle qui, du sommet des palmarès, toise ceux qui hier encore la regardaient de haut. « Le mot qui me vient à l’esprit quand je pense à cette chanson-là, c’est assumé », songe-t-elle, en rappelant que ses deux premiers disques (Dysphorie, Accrophobie) évoquaient des peurs.

Assumé n’est toutefois pas un synonyme d’infaillible, constate-t-on à l’écoute de ses nouvelles chansons, dont quelques-unes évoquent une peur bien commune, celle de perdre l’être aimé. « Je parle de mon expérience à moi et je pense que les gens se reconnaissent », suggère-t-elle, lorsqu’on souligne le lien fort entre son public et elle.

Les êtres humains, au fond, on n’est que des émotions. Quand je parle des miennes, les gens se reconnectent aux leurs.

Roxane Bruneau

Extrait du Blanc des yeux

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Son côté battante, lui, transparaît dans des morceaux où elle évoque le mouvement #metoo (3degré) et les féminicides (Côté passager, avec Souldia). « J’en ai vu beaucoup dans ma vie [des relations toxiques], dit-elle, pour expliquer son envie de les évoquer. Je pense que c’est la petite Roxane qui a ces bobos-là et qui, avec son cerveau d’adulte, est capable de mettre des mots là-dessus. »

Du rap en bouche

Submergé renoue aussi avec la manière particulière de Roxane Bruneau, c’est-à-dire de la pop gonflée d’arrangements qui font penser au rock calibré pour les arénas et clairement inspiré par le rap. Ça s’entend dans sa façon de s’exprimer, dans la rythmique de son chant et dans l’importance qu’ont pour elle les mots. « Tout a est très instinctif », commence-t-elle.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Roxane Bruneau

« Ça fait du bien que tu aies entendu des sonorités rap, ajoute-t-elle rapidement, parce que j’écoute beaucoup, beaucoup de rap. Je ne fais pas du rap pur, parce que je pense que je ne serais pas bonne, alors je fais ça à ma sauce. J’arrive avec une toune et je la travaille avec mon réalisateur, Mathieu Brisset. On part, on gosse la chanson ensemble. »

Roxane Bruneau se sent à sa place, à la fois dans sa tête et dans sa carrière. « Je suis fière de l’artiste que je deviens et je suis vraiment fière de l’humain que je deviens, avoue-t-elle. C’est con à dire, mais je suis contente de ne pas être devenue un tas de marde ! Avec une grande popularité, souvent, les gens finissent par changer. Je suis fière d’être restée la même et je suis contente de vivre de ma musique, contente que les gens m’accordent ce privilège. »

En concert ce mardi, 20 h, au MTelus

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