Les chansons marquantes émanant du catalogue des Cowboys Fringants sont nombreuses. Nos journalistes vous proposent leurs coups de cœur.

Écoutez notre liste de lecture des chansons des Cowboys Fringants

Ruelle Laurier

Avant la toune cachée, l’album mythique Break syndical se termine avec la ballade poignante Ruelle Laurier, dont le texte est l’un des rares écrits par Karl Tremblay. En s’inspirant de l’enfance difficile d’un gars avec qui il avait travaillé dans un club vidéo, le chanteur prend sa voix la plus viscérale pour faire ce que Les Cowboys Fringants font le mieux : raconter des histoires humaines comme si c’était les leurs. Avec une mélodie au feu brûlant.

Émilie Côté, La Presse

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Plus rien

Je sais, je sais… Au lendemain de la mort de Karl Tremblay, on devrait parler d’amour – pas de fin du monde. Mais je défendrai Plus rien dans n’importe quelles circonstances. Je me souviens, à 8 ou 9 ans, d’avoir écouté la pièce en boucle, à la fois terrifiée et émerveillée par les tableaux désolants qu’elle décrivait : les villes englouties par l’océan, les ouragans destructeurs, les hommes vêtus de la tête aux pieds d’une combinaison résistant aux virus… Vingt ans plus tard, Plus rien n’a pas vieilli. Même qu’elle ressemble de plus en plus à une prophétie.

Léa Carrier, La Presse

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En berne

L’album Break syndical a été la trame sonore de l’été de mes 12 ans. Un choix qui n’était pas le mien, mais plutôt celui de ma meilleure amie (et surtout de sa grande sœur). En toute transparence, je n’étais plus capable de l’entendre ! Lorsque ma mère a acheté l’album double en concert Attache ta tuque !, mon opinion a changé. Je l’ai écouté puis réécouté tellement de fois que je le connais encore par cœur aujourd’hui, transitions entre les pièces incluses. Avec leurs chansons engagées, comme En berne (dont la version live donne des frissons), Les Cowboys Fringants ont fait naître en l’adolescente que j’étais un grand intérêt pour la politique et ont nourri l’espoir qu’elle puisse se faire autrement.

Véronique Larocque, La Presse

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PHOTO ANDRÉ TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Karl Tremblay et Jérome Dupras le 22 Décembre 2006 au Grand Théatre à Québec

Un p’tit tour

J’ai 40 ans et cette étrange impression que Les Cowboys Fringants et moi, on a vécu les mêmes choses, en même temps. Quand j’ai découvert le groupe, j’avais 19 ans et j’étudiais au cégep du Vieux Montréal. La chanson Un p’tit tour (Motel Capri, 2000) me transporte dans mon premier appartement, rue de Normanville. C’est une chanson qui évoque la précarité, mais surtout les premières amours et une grisante liberté. « Viens donc faire un p’tit tour dans mon appartement frette / On se gèle le cul mais c’pas grave, on se collera en d’ssous des couvertes. »

Catherine Handfield, La Presse

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La manifestation

Ici, Les Cowboys Fringants sont au sommet de leur ironie et d’une forme de désabusement. Sur un rythme entraînant, Jean-François Pauzé peint dans le détail une scène férocement moqueuse où les manifestants « venant en grande majorité du cégep du Vieux-Montréal » se « gèlent le cul […] sous la pluie froide du mois de mars ». « Ça va prendre ben du soleil / Sinon c’est pas demain la veille / Qu’on va faire la révolution », conclut Karl Tremblay avec beaucoup de discernement. Dix ans plus tard, en 2012, la température a été particulièrement clémente dès la fin de février. Et le printemps a été… érable.

Alexandre Vigneault, La Presse

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Sur mon épaule

Pas besoin d’être devin pour prédire que cette chanson-là ne sera pas une étoile filante. Jean-François Pauzé est au sommet de son art ici : il ancre la charge émotive de son morceau dans une expression bien québécoise, orchestre une progression dramatique au refrain, joue subtilement avec les niveaux de langue et tout ça sans s’égarer. Sur mon épaule est une chanson toute simple, facile à gratter à la guitare, d’une tendresse infinie. Quelque chose comme une grande chanson d’amour, qui noue la gorge et met les yeux dans l’eau.

Alexandre Vigneault, La Presse

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La tête à Papineau

La version en concert de cette chanson parue sur Attache ta tuque ! m’a fait vibrer de bien des façons… D’abord parce que je travaillais à l’époque dans une station de télé – le texte de La tête à Papineau était singulièrement à propos. Son énergie rock me replonge aussi à tout coup au cœur de la foule endiablée du Spectrum, où a été enregistré l’album en décembre 2002. Mais surtout, ça me ramène à une époque où j’ai eu la chance de partager le micro avec Karl, sur la scène d’un bar karaoké de la rue Masson… Souvenir impérissable, vous dites ?

Pierre-Marc Durivage, La Presse

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PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

Spectacle des Cowboys Frigants au Centre Bell en novembre 2021

8 secondes

8 secondes encapsule ce que Les Cowboys Fringants réussissent merveilleusement bien : aborder des sujets sérieux, difficiles, voire apocalyptiques, sur des airs festifs. Cette chanson, qui précède sur l’album La Grand-Messe la moins enjouée Plus rien, a accompagné le début de mon éveil face à la crise environnementale. 8 secondes, c’est quatre minutes d’indignation endiablée, une dénonciation féroce de la privatisation de l’eau, exempte de fatalisme. Il ne restera peut-être bientôt que 8 secondes, mais, « citoyens, l’avenir commence astheure ».

Valérie Simard, La Presse

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L’Amérique pleure

Je connaissais quelques chansons des Cowboys, Les étoiles filantes me touchait, mais ils me laissaient en général indifférente. Puis il y a eu L’Amérique pleure en 2019, qui m’est rentrée dedans. Littéralement. Pour la pertinence sensible de son texte, pour la mélancolie douloureuse de sa mélodie. Mais c’est l’interprétation habitée de Karl Tremblay, sa puissance, sa fêlure, son appel tragique – « La question qu’j’me pose tout l’temps / Mais comment font ces pauvres gens / Pour traverser tout le cours / D’une vie sans amour ? » qui me remue encore aujourd’hui. Et Dieu sait qu’on l’a écoutée, cette chanson : mes trois enfants-ados se sont approprié l’album Les Antipodes au grand complet, qui fait partie de notre histoire familiale pour toujours. Le temps passe, deux de mes enfants sont maintenant devenus de jeunes adultes, et c’est probablement pour ça (aussi) que je pleure pendant L’Amérique pleure.

Josée Lapointe, La Presse

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Les étoiles filantes

Au tournant du millénaire, deux membres en règle des Cowboys étaient débarqués dans les bureaux du journal local de Repentigny – salut, L’Artisan ! – pour me dire à moi, alors jeune journaliste sans barbe, que le groupe deviendrait « big » et que je devais suivre « attentivement » sa carrière pour « ne pas manquer ça ». Leur confiance m’avait frappé. Leur musique d’alors ? Moins. Mais c’était avant d’entendre cette chanson, sortie en 2004, et qui a confirmé leur prophétie. Le texte de JF Pauzé sur cette pièce pose un regard lucide sur la vie, alors que « les rêves des ti-culs s’évanouissent ou se refoulent » et qu’au final, on ne peut qu’« espérer être heureux un peu avant de mourir ». Une chanson difficile à écouter depuis mercredi dernier…

Philippe Beauchemin, La Presse

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Impala Blues

À l’époque, circa 2000, je croyais que le « vermouth » était un État. Je n’avais aucune idée à quoi ressemblait une grosse Impala, mais je commençais à savoir à quoi ressemble la vie, avec ses autoroutes et ses culs-de-sac. Dans cette chanson noire au refrain cathartique, Karl s’assoit sur le siège passager de tous les accidentés pour gueuler avec eux. De l’apitoiement ? Non ! De l’empathie. Car ce crescendo pathétique, grâce à l’interprétation du cowboy chantant, aboutit en catharsis collective et jubilatoire. C’était surtout vrai en spectacle. « Mais ce soir, j’me rends compte que ma vie est comme un vieux char / J’ai beau me recrinquer, mais jamais je ne pars ». Il est parti, mais il a oublié d’éteindre les phares.

Charles-Éric Blais-Poulin, La Presse

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