Il n’y a pas si longtemps, TALK rêvait d’avoir un agent, un contrat de disques et un succès au palmarès. Il avait déjà tout ça – et même des centaines de millions d’écoute en ligne – avant de lancer The Lord of the Flies & Birds & Bees, album où il assume son penchant pour le rock qui voit grand et le hair metal.

TALK n’est pas encore un nom connu, mais il résonne déjà au Québec bien plus fort que partout ailleurs en Amérique. Pas tant parce qu’il a fait bonne impression à l’émission Tout le monde en parle le 15 octobre que parce qu’il a fait deux passages remarqués au Festival d’été de Québec : en 2022 en première partie de Luke Combs et en juillet dernier juste avant Imagine Dragons.

Lui aussi en a été marqué. Avant de chanter devant une foule monstre sur les plaines d’Abraham – 60 000 ou 70 000 spectateurs – à sa première visite à Québec, il avait donné son plus gros concert à vie dans une salle de 400 personnes… On ne s’étonne pas de l’entendre dire que ce gigantesque bain de foule est l’un des grands moments de sa jeune vie.

TALK est le nom d’artiste de Nicholas Durocher, né à Ottawa d’une mère originaire de Val-d’Or et d’un père ontarien. De ses racines québécoises, il lui reste son nom et un français coloré d’un gros accent anglo. Et une chanson, La ziguezon, qu’il se plaît à chanter à tous ses spectacles au Québec et qu’il a même fait ajouter à la version québécoise de son album The Lord of the Flies & Birds & Bees, paru vendredi.

Le décalage entre la chanson à répondre de La Bottine souriante et les siennes ne pourrait être plus grand. TALK aime le rock accrocheur qui affiche ses ambitions. On retrouve dans ses chansons une grandeur inspirée de Queen (History) et d’Elton John, mais transposée dans des airs qui rappellent aussi les rockeurs en collants des années 1980.

« Mon père écoutait les Stones, les Beatles, The Mamas & the Papas, de bons songwriters », raconte le jeune homme, pour expliquer son héritage rock.

Vers 10 ou 11 ans, j’ai découvert KISS, Def Leppard et le hair metal. J’ai beaucoup aimé ça, parce que ce n’était pas très sérieux. J’aime la couleur et les étincelles et, eux, ils avaient ça.

TALK

TALK trouve que le rock se prend trop la tête de nos jours. Il avait envie d’y ramener de la folie, du positif et du théâtre. Il en a d’ailleurs mis plein la vue lorsqu’il a été invité au Late Late Show de James Corden pour chanter son succès Run Away to Mars : il a porté une espèce de combinaison spatiale et avait une étoile dessinée sur l’œil droit.

Rock d’aréna

Pas de doute, ce gars-là a le sens du spectacle. Il le faut, car il n’a jamais eu envie de faire du rock de bar. L’image qui s’impose lorsqu’on écoute ses chansons, presque toutes colorées d’un solo de guitare, c’est un aréna en liesse.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

TALK a lancé son album The Lord of the Flies & Birds & Bees vendredi.

Quand j’écris, je me demande toujours si ça sonnerait bien dans un aréna. Si je peux imaginer la foule qui chante, c’est que je tiens un bon refrain.

TALK

TALK a découvert sa voix puissante sur le tard, vers la fin du high school, quand il s’est mis à chanter pour « impressionner les filles ». Il dit ça avec un sourire, sachant très bien que des générations entières de gars avant lui ont pris une guitare ou se sont plantés derrière un micro dans l’espoir de se faire remarquer par le sexe opposé. La voix, il l’avait. « Ça m’a pris du temps à me rendre compte que je pouvais aussi écrire des chansons », souligne-t-il toutefois.

Si, musicalement, ses chansons ont quelque chose de léger, ses textes ne le sont pas forcément. Run Away to Mars parle de solitude et A Little Bit Happy, d’apprendre à s’aimer. Afraid of the Dark, en revanche, n’est pas aussi noire qu’elle peut le sembler : elle invite entre autres à dire aux gens qu’on aime… qu’on les aime.

« Mes chansons que les gens aiment le plus, ce sont les chansons vraies, qui sont aussi importantes pour moi. Elles viennent du cœur et je pense que les gens le sentent, dit le jeune homme de 28 ans. Run Away to Mars ne m’appartient plus. Elle m’a dépassé. Elle appartient maintenant à tous ceux qui l’aiment. Je pense que c’est pour ça qu’on fait des chansons : pour les offrir aux gens. »

TALK se produit en première partie de Shania Twain, mercredi, au Centre Bell.