The National fait rarement de la mauvaise musique. Sans décevoir, ce nouvel album ne se qualifie certainement pas parmi ses plus grandes réussites.

Quelque chose d’étrange se passe lorsque l’on écoute l’œuvre d’un groupe qui a assez de talent pour toujours faire quelque chose d’intéressant, mais qui a créé un objet qui n’est pas à la hauteur de ce dont on le sait capable. On ne peut alors pas dire que l’album est raté. Loin de là. Il ne manque pas de potentiel, nous convainc franchement à certain moment, et l’écoute est souvent agréable. Mais il ne nous fait rien ressentir de bien spécial non plus. Surtout lorsqu’on sait de quoi The National est capable.

Bien exécuté en tous points, cet album surprise s’amorce de manière plutôt terne. Les textes de Matt Berninger sont toutefois faits d’une fabuleuse poésie, tout au long, alors qu’il décrit sa nostalgie, sa mélancolie, son désir d’amour et ses combats intérieurs.

L’une des choses les plus intéressantes concernant ce disque est toutefois la façon dont il a été créé, soit en complément du très beau Two Pages of Frankestein, de manière plus impromptue (Smoke Detector, géniale finale de huit minutes, a par exemple été enregistrée pendant un soundcheck) et perfectionné en live pendant des concerts.

Le talent accumulé de Justin Vernon (Bon Iver) et de la bande de Matt Berninger a un potentiel inouï. La pièce Weird Goodbyes, en début d’album, est pourtant une démonstration de ce que nous décrivions plus haut : ce n’est ni mauvais ni particulièrement convaincant.

Une autre des invités du disque, Phoebe Bridgers, sur la pièce-titre de l’album, permet un moment particulièrement agréable. La mélodie de piano et les percussions insistantes forment une belle trame de fond pour que les voix de Bridgers et Berninger, tout aussi mélancoliques l’une que l’autre, se lient en beauté.

Le morceau Space Invader, longue de sept minutes, prend une direction captivante dans sa deuxième moitié. Hornets, qui rappelle le son de Big Red Time Machine (le groupe d’Aaron Dessner et Justin Vernon), est également magnifique.

La seconde partie de Laugh Track est en fait ce qu’il a de mieux, rythmée avec audace par un Bryan Devendorf de retour en force après avoir été derrière un drumpad sur l’album précédent, chanté avec un entrain attrayant par Matt Berninger.

The National, dans le cadre bien précis qu’on lui connaît et qui lui sied bien, sait souvent proposer des façons captivantes de faire de la musique mélancolique. La mélancolie est bel et bien omniprésente sur Laugh Track, mais le groupe ne réussit pas complètement à nous captiver cette fois.

Extrait de Laugh Track (avec Phoebe Bridgers)

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Laugh Track

Rock

Laugh Track

The National

4AD Ltd

7/10