(New York) Un chanteur américain de country, encore parfait inconnu il y a 15 jours et aujourd’hui numéro un des ventes de musique aux États-Unis, a rejeté vendredi toute récupération politique après qu’élus et candidats républicains à la présidentielle de 2024 ont tenté de l’adouber.

Avec son morceau de bluegrass Rich Men North of Richmond – du nom de la capitale de la Virginie à 175 km au sud de Washington – Oliver Anthony, un ouvrier agricole trentenaire, a battu cette semaine les mégastars Taylor Swift, Morgan Wallen et Olivia Rodrigo en raflant la première place du classement Billboard Hot 100.

Du jamais vu pour un musicien jamais apparu dans aucun hit-parade de musique.

Sortie le 11 août sur YouTube avec son clip, la chanson, vendue, écoutée en streaming, téléchargée, et vue sur l’internet plus de 30 millions de fois, est devenue aux États-Unis l’hymne des ruraux qui se sentent paupérisés dans le sud et le centre conservateurs, face aux prétendus riches urbains progressistes des côtes est et ouest.

Le succès est tel que Rich Men North of Richmond a ouvert, mercredi sur Fox News, le débat entre huit candidats républicains (en l’absence de Donald Trump) aux primaires du parti conservateur pour la présidentielle de 2024.

Le gouverneur de Floride Ron DeSantis y a vu une œuvre musicale engagée contre la politique économique du président démocrate Joe Biden.

Nombre d’élus et de commentateurs de droite et d’extrême droite la considèrent même comme « l’hymne politique des cols-bleus » et des « Américains oubliés du gouvernement ».

Mais Oliver Anthony, gaillard roux à la barbe fournie, ne goûte guère ces tentatives de récupération.

PHOTO KENDALL WARNER, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Oliver Anthony

« C’est exaspérant de voir des gens dans les médias conservateurs tenter de s’identifier à moi comme si j’étais un des leurs », a-t-il protesté dans une vidéo de dix minutes postée sur YouTube.

« C’est exaspérant de voir certains musiciens et politiciens faire comme si nous étions des potes, comme si on livrait les mêmes batailles », a-t-il encore rejeté.

Sa chanson anti-élites, qui dénonce l’inflation, les impôts, les longues heures de travail pour des salaires de misère mais aussi les allocations sociales, « n’a rien à voir avec Joe Biden, cela dépasse de beaucoup Joe Biden ».

Le chanteur affirme, parfois au bord des larmes, « détester qu’on se serve de [sa] chanson comme d’une arme » politique.

« La droite essaie de me classer comme l’un des leurs et la gauche tente de me discréditer, en représailles j’imagine. Cette merde doit cesser », prévient celui qui s’est revendiqué comme étant « en plein milieu » des préoccupations socio-économiques des Américains.