Cinquante ans après la naissance du hip-hop, des Montréalais ont uni leurs forces pour organiser des célébrations dignes de la naissance de ce grand courant musical et planétaire, né le 11 août 1973 dans le Bronx new-yorkais.

Ce week-end, les Montréalais sont conviés dans le quartier de la Petite-Bourgogne à l’occasion d’une sorte de grand-messe du hip-hop – et des codes qui l’entourent.

En soulignant le 50anniversaire de cet influent genre musical ces 5 et 6 août, la métropole québécoise imitera de grandes villes américaines comme New York, Los Angeles, Atlanta, Dallas, Boston, Philadelphie, Chicago ou Washington, pour ne nommer que celles-là, où sont organisées des festivités qui mettent les racines du rap à l’honneur.

« On ne peut pas tirer profit d’une culture sans la remercier », affirme Kevin Calixte, coordonnateur du 50e du hip-hop à Montréal, en entrevue. Il est illogique, selon lui, que la musique hip-hop prenne de plus en plus de place dans l’écosystème artistique québécois, mais que dans les derniers mois, les grands évènements musicaux de la province n’aient pas fait mention de cet anniversaire.

Samedi durant la journée, plus de 5000 personnes sont attendues au parc Vinet, dans l’arrondissement du Sud-Ouest. Sur place, un spectacle extérieur style « block party » est prévu.

C’est un clin d’œil à ce que Clive Campbell – alias DJ Kool Herc – a organisé il y a 50 ans à New York, et qui est aujourd’hui considéré comme la naissance du hip-hop.

On ne sait juste pas à quel point le hip-hop a façonné, touché l’identité d’une personne. C’est plus que de la musique, c’est un mode de vie.

Kevin Calixte, coordonnateur du 50anniversaire du hip-hop à Montréal

PHOTO ANGELA WEISS, AGENCE FRANCE-PRESSE

Alors que l’on fête le 50anniversaire du hip-hop, une exposition à la librairie de Brooklyn, The Book of HOV, revient sur la carrière et la vie de Jay-Z.

En plus des prestations de DJ, de MC et de break dancers, l’organisation a prévu des stands de commerçants et de traiteurs locaux ainsi que des activités de mise en forme et de yoga, question que toute la famille y trouve son compte.

DJ Manifest, Godfather D, Nicholas Craven et la chanteuse Meryem Saci font entre autres partie de la programmation. Puis, en soirée, le groupe local Rainmen soulignera les 25 ans de son album Armageddon, lors d’un spectacle qui a été conçu « pour encourager les jeunes à venir rencontrer les gens de l’industrie ».

PHOTO PIERRE CÔTÉ, ARCHIVES LA PRESSE

Le duo Rainmen, formé de Sadlifah et d’Eerie, photographié le 9 février 1999, quelques semaines après la sortie de l’album Armageddon, qui fête ses 25 ans

Dimanche, les activités se poursuivront à la Maison Principale sous forme de panel de discussion, afin de permettre aux artisans du milieu d’échanger, de s’instruire ou de créer des liens.

Montréal se démarque

Pour Kevin Calixte, le choix de la Petite-Bourgogne comme espace de fête était loin d’être inconscient. Il s’agit d’un quartier historiquement multiculturel et impliqué dans le développement du rap à Montréal, ce qui va de pair avec la mentalité rassembleuse et revendicatrice du hip-hop.

« Les Antillais, les Africains, les Philippins, les Juifs, les Irlandais, les Latinos, les Haïtiens… tout le monde en faisait partie. Le multiculturalisme, l’inclusivité, c’est ça, la mentalité qu’on veut essayer de promouvoir. Tout le monde est là-dedans, parce que le message rejoint tout le monde. »

Le hip-hop, c’est la liberté de pouvoir dénoncer l’injustice sociale, mais d’une façon modérée à travers la musique.

Kevin Calixte, coordonnateur du 50anniversaire du hip-hop à Montréal

« Ce sont les graffitis, les rap battles. Dans le rap, on est capable de s’exprimer et de se défouler, mais de le faire d’une façon artistique », se targue-t-il.

L’histoire du hip-hop s’est écrite en brisant des plafonds de verre, en renversant des barrières. « Il y a eu une évolution de la perception du hip-hop, pense Kevin Calixte. C’est rendu indispensable dans toutes les activités culturelles de quartier ou de festival. »

Au fil des années, par exemple, Montréal s’est démarqué pour deux choses : la qualité de ses beatmakers et l’utilisation du franglais. « Quelqu’un de France va trouver créatif qu’il y ait de l’anglais, quelqu’un des États-Unis va trouver ça exotique qu’on mette du français dans nos chansons », illustre-t-il.

Et s’il y a certainement quelques barrières qui sont tombées avec les années, il en reste encore sur le chemin, notamment en matière de reconnaissance ou de subventions.

« Les rappeurs ont à peu près les mêmes chiffres que certains artistes grand public – et ils n’ont pas la même machine derrière. C’est quand même quelque chose de rivaliser avec une industrie structurée, mais sans les mêmes ressources. »

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