Pour souligner son 35e anniversaire, Blur livre un album soigné, cohésif et teinté de mélancolie. Son meilleur depuis 13, paru en 1999.

On s’en veut d’avoir douté. D’avoir cru que Damon Albarn, Graham Coxon, Alex James et Dave Rowntree avaient perdu la touche, huit ans après The Magic Whip, un album inégal enregistré en quelques jours à Hong Kong. Pour cette erreur de jugement, on met en cause notre frustration. Frustration de constater qu’encore une fois, la formation britannique avait concocté un itinéraire de tournée, sa première en huit longues années, qui n’incluait aucun arrêt en Amérique du Nord.

Bref, nos attentes n’étaient pas particulièrement élevées, mais même si elles l’avaient été, elles auraient été dépassées. Parce qu’avec The Ballad of Darren, Blur prouve qu’après 35 ans d’existence, un groupe peut continuer d’offrir du matériel inspiré, sans pour autant renier ses racines et honorer son passé.

Une mélancolie rêveuse – mais jamais dépressive – émane du disque. La voix moins haut perchée de Damon Albarn (conséquence du vieillissement) sert merveilleusement bien cette atmosphère. D’entrée de jeu, The Ballad (qui porte bien son nom) rejoint Strange News from Another Star (1997), No Distance Left to Run (1999), Out of Time (2003) et Battery in Your Leg (2003) au panthéon des meilleures ballades du groupe. La touchante The Everglades (For Leonard) mérite également d’y être intronisée.

Les amateurs de britpop se régaleront avec Barbaric, pièce ensoleillée et instantanément accrocheuse à laquelle les harmonies vocales du groupe apportent un supplément d’âme. La pièce la plus rock de l’ensemble, St. Charles Square, semble tout droit sortie du répertoire des années 1970 de David Bowie, époque trilogie berlinoise.

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La force cohésive du disque est telle qu’une pièce comme The Narcissist, qui nous avait pourtant laissé indifférent à sa sortie au printemps, gagne du galon et, surtout, prend tout son sens lorsqu’elle est suivie par Goodbye Alert et Far Away Island.

Détail non négligeable à mentionner : The Ballad of Darren dure seulement 36 minutes. Certes, on aurait souhaité que Blur passe davantage de temps en studio et propose une galette (beaucoup) plus longue. Mais puisqu’en fin de compte, l’opus ne compte aucune seconde de remplissage, l’ajout de titres aurait risqué de diluer l’excellente sauce.

Une version « deluxe » comprenant deux chansons inédites mais oubliables (The Rabbi, The Swan) est d’ailleurs offerte.

The Ballad of Darren

Rock

The Ballad of Darren

Blur

Parlophone, Warner Bros. Records

8,5/10