Ils travaillent dans les coulisses de la culture, contribuant à rendre possibles les œuvres ou les spectacles qui nous transportent et nous divertissent. Aujourd’hui, Berenice Castro, cheffe d’orchestre des banquets et repas du Festival international Nuits d’Afrique.

Jusqu’à l’été dernier, Berenice Castro ne connaissait Nuits d’Afrique que comme spectatrice. Elle le fréquente depuis des années avec son mari guinéen, une connaissance de Lamine Touré, fondateur du festival. Sa vision de l’évènement a complètement changé lorsqu’une voisine lui a demandé de prêter main-forte à l’équipe qui se charge de planifier et de distribuer les repas et des rafraîchissements aux artistes, techniciens et bénévoles durant les 12 jours que dure l’évènement.

« Voir le festival devant la scène ou derrière, ce n’est pas la même chose », dit la femme originaire du Mexique, qui est responsable de ce que, dans le métier, ils appellent le catering, c’est-à-dire les repas, collations, boissons et petites attentions présentés aux artistes en coulisse. Ses journées sont longues et intenses.

Ça commence tôt, ça finit tard, mais c’est très cool. Je ne pensais jamais que ce serait un si gros travail et je n’y arriverais jamais sans les bénévoles.

Berenice Castro

Berenice Castro a commencé la planification des plats du festival en février dernier en compilant les demandes reçues des boîtes de gérance des centaines de musiciens et artistes invités. Elle commence tôt depuis le 11 juillet : active dès le matin pour acheter des produits frais, elle ne se couche que passé minuit tous les jours.

Oui, certains artistes ont des demandes « un peu spéciales », confirme-t-elle. « L’an dernier, il y en a un qui voulait que tout ce qui se trouvait dans la loge soit blanc : des serviettes blanches aromatisées à la citronnelle à des fraises trempées dans le chocolat blanc, détaille Berenice Castro. Des détails qu’on peut trouver un peu fous, mais on finit par comprendre pourquoi. »

Service personnalisé

Les artistes, résume-t-elle, ont besoin d’un environnement sécurisant. Elle se rappelle avoir trouvé l’un d’entre eux arrogant au premier abord l’an dernier. « En l’observant tout la journée, j’ai compris que ce n’était pas de l’arrogance, mais de la nervosité », dit-elle.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, LA PRESSE

Berenice Castro

Ce sont des êtres humains. Avec le temps, j’ai pu voir qui fait du yoga, qui prie, qui installe des bougies ou se retire dans sa loge avant un concert. Et là, quand ils entrent en scène, c’est une autre personne !

Berenice Castro

Les demandes sont loin d’être toutes extravagantes. Elles reflètent les préférences ou les contraintes (maladies, allergies, religion) de chacun. Les Africains ne mangent en général pas de porc en raison de leur foi – nombre d’entre eux sont musulmans – et aiment bien que leur nourriture soit bio. Ceux qui viennent de France, eux, demandent charcuteries et fromages. Les Latino-Américains sont plutôt curieux : ils veulent goûter les plats africains ou typiquement québécois (smoked meat, poutine, etc.).

Après avoir remarqué qu’un grand nombre d’artistes demandaient de l’eau chaude, du miel, du citron et du gingembre frais, Berenice Castro a décidé d’inclure ces éléments dans le kit de base offert à tout le monde cet été. « Je ne suis pas chanteuse, mais j’ai saisi que ça leur fait du bien », explique-t-elle simplement.

Son rôle, bien que discret, est essentiel. « On oublie parfois que ces artistes sont des professionnels. On mérite d’avoir le meilleur d’eux et ils savent que c’est ce que le public attend, observe-t-elle. On participe à ce qu’ils soient dans les meilleures dispositions possibles et que le spectacle aille bien. Ce que j’essaie de partager avec les bénévoles, c’est qu’on a un impact, qu’on peut avoir un impact positif sur la qualité de la performance. »