Chanteuse à l’oreille absolue, l’étudiante en chant jazz de l’Université de Montréal possède une voix dans tous les registres qui la prédestine à une grande carrière. À 23 ans, vu de son mirador, rien n’est impossible pour la lauréate du prix Oliver-Jones du Festival international de jazz de Montréal.

Édelène Fitzgerald est seulement la troisième artiste jazz à remporter l’honneur créé en 2019. Le prix Oliver-Jones (du nom de l’illustre pianiste de la Petite-Bourgogne) est remis à des étudiants en jazz issus des minorités visibles. Une bourse de 5000 $ accompagne le privilège de jouer au festival ce samedi 8 juillet.

Elle succède donc à la batteuse Christina Beaudry-Cardenas, lauréate 2022 et elle aussi issue du programme jazz de l’Université de Montréal. « C’est une vitrine sans pareil pour montrer qui je suis, pour montrer c’est qui Edo. »

Edo ? C’est son surnom. Elle a 23 ans.

« Je suis d’abord une chanteuse tous genres confondus, annonce-t-elle. Une chanteuse qui peut chanter du jazz, mais aussi du country. Plus on est polyvalent, mieux c’est. »

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Édelène Fitzgerald

Je suis en recherche de style à 100 %. En fait, je pense que je vais être en recherche toute ma vie.

Édelène Fitzgerald

Pour l’heure, elle craque pour Nubiyan Twist. « L’influence de ce collectif de Londres va se retrouver dans mon concert », admet celle qui ne ratera pas le spectacle d’Earth, Wind and Fire, le 9 août, au Centre Bell.

« J’ai un style vocal qui porte haut, j’aime à dire que je chante fort, je crie [rires]. »

Bye bye trombone, bonjour Ella !

Édelène a été adoptée à 9 mois et a grandi dans le village de Saint-Jude, tout près de Saint-Hyacinthe. Fitzgerald, c’est le nom de famille de son père adoptif. « Quand j’étais jeune, je disais à la blague qu’Ella était une lointaine grand-tante ! »

Après avoir assimilé tous les rudiments du trombone au cégep de Drummondville, elle a fait un virage en chant jazz à l’université.

« Le trombone m’apportait plus de stress et d’anxiété que de plaisir. Mon professeur Jean-Nicolas Trottier m’a vraiment encouragée à persévérer, mais, lorsque j’ai réellement commencé à chanter, j’ai complètement délaissé l’instrument. »

Malika Tirolien la suit dans son apprentissage et son perfectionnement.

Déjà, d’avoir une enseignante noire comme moi, en chant jazz, ce n’est pas juste une question de culture, mais aussi de registre : nous avons beaucoup d’affinités autant dans les exercices vocaux que dans le placement vocal. Quand elle me parle, j’ai l’impression de me parler à moi-même, d’égale à égale.

Édelène Fitzgerald, à propos de sa professeure Malika Tirolien

« Elle m’a fait écouter Lonely World de Moses Sumney. J’ai beaucoup travaillé sur ladite chanson, ç’a été ma bête noire, mais les techniques de respiration aident à faire passer le stress, à perfectionner mon approche sur les notes aiguës parce qu’à la base, j’ai une voix assez grave. »

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L’intro a cappella, sensuelle, la progression harmonique et la finale cathartique : la version Fitzgerald est à dresser les poils sur les bras.

Changement de garde

Elle cultive certes l’ambiguïté avec jubilation. Avec ses contemporaines, nous sommes entrés de plain-pied dans l’ère du changement de garde, un peu à la manière de Cassandra Wilson à la fin des années 1980.

Dans son portfolio, on goûte aux arrangements qu’elle a concoctés sur une interprétation de la chanson Halo de Beyoncé.

« J’aimerais approfondir mes connaissances à propos de la culture haïtienne. Peut-être incorporer plus de créole dans mes compositions ? », se demande-t-elle.

Interprétations, nouveaux arrangements, compositions : la musicienne, qui espère publier un EP avant la fin de l’année, annonce un maelstrom jazz, swing, ballade, blues et afro lors de sa prestation.

Les répétitions s’enchaînent jusqu’au concert : « Oliver Jones, j’ai bien hâte de le rencontrer. J’espère qu’il va venir au spectacle. »

Studio TD, à 18 h

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