Depuis plus 30 ans, Marisa Monte porte haut le flambeau de la pop brésilienne. La qualité de ses chansons ne s’est jamais démentie et son dernier album, Portas, paru en 2021, est la suite logique de son parcours sans faute. Elle est de passage à Montréal pour deux soirs avec ses nouvelles chansons et ses plus vieux tubes. Vu les contraintes de son horaire de tournée, elle a préféré répondre à nos questions par courriel. Voici ses réponses.

Votre plus récent album, Portas, était votre premier enregistrement en 10 ans. Pourquoi avoir attendu si longtemps ?

Pendant cette période, j’ai fait plusieurs projets collaboratifs. Un projet à la Brooklyn Academy of Music à New York, une longue tournée du Brésil avec le chanteur Paulinho da Viola. J’ai aussi lancé un disque et fait une tournée avec le groupe Tribalistas (avec Arnaldo Antunes et Carlinhos Brown). Après tout ça, j’ai su qu’il était temps de revenir à moi-même, à mon travail en solo et enregistrer les chansons qui témoignaient de mes rencontres pendant cette période.

Qu’aviez-vous envie de dire avec Portas ?

Les portes sont des éléments très symboliques, qui amènent les idées d’ouverture, de transformation, de choix, de passage, d’option, de décision, de fermeture. Ces portes peuvent être internes ou externes. Nous avons enregistré pendant la pandémie, les moments d’isolement où tout ce que l’on voulait était de trouver des portes de sortie. Je voulais créer un univers ludique, des passages vers l’imaginaire, un soutien poétique pour ces temps difficiles, pour nous diriger vers une existence plus supportable.

Vous avez enregistré Portas pendant la pandémie. Est-ce que cela a influencé l’esprit de l’album ?

Les premiers moments ont été des moments de paralysie et de solitude totale. Il n’y avait aucune façon de rencontrer les musiciens. Nous avons finalement opté pour un système hybride en alternant les sessions en présentiel à Rio et à distance à Lisbonne, Madrid, Barcelone, New York et Los Angeles. À ma grande surprise, la technologie nous a permis d’expérimenter avec des formes de relations qu’on n’aurait pas essayées dans un autre contexte, et cela a très bien fonctionné. Dans ce sens, la connectivité du numérique du monde contemporain nous a donné du pouvoir. Portas est un album avec plus de collaborations internationales, enregistré dans plus de villes, sans quitter Rio, mais sans perdre l’esprit du collectif.

On vous connaît depuis les débuts des années 1990. Comment Marisa Monte a-t-elle évolué ?

Je pense que mon évolution se manifeste par une expansion de mon rapport à la musique. J’ai commencé avec la voix, le chant, mais petit à petit, je me suis impliquée dans la composition et la production musicale. Je suis allée au-delà de mon propre travail en composant et en produisant pour d’autres artistes, en élargissant mes façons de me servir de la musique.

Il y a encore des choses que vous pensez devoir accomplir ?

Si j’avais pu imaginer toutes les choses que j’ai accomplies ces 30 dernières années, je n’aurais pas été aussi ambitieuse dans le rêve. Je préfère laisser couler, faire de mon mieux tout le temps et voir comment ça se passe.

Pour terminer, trois grandes chanteuses brésiliennes nous ont quittées cette année : Gal Costa, Rita Lee et Astrud Gilbert. Laquelle vous a le plus influencée, et pourquoi ?

Impossible de choisir entre ces trois femmes incroyables. Je les choisis toutes !

Au Théâtre Maisonneuve, les 4 et 5 juillet, à 20 h

Consultez la page de l’événement