Killer Mike, de Run The Jewels, propose une œuvre puissante et intime qui rend hommage à la culture noire du sud des États-Unis.

Avant d’être la moitié du populaire duo Run The Jewels, Killer Mike était un artiste solo. Un autre formidable duo, OutKast, lui a donné ses premières occasions de briller, notamment sur la chanson The Whole World, qui a obtenu un Grammy en 2002. Lancé l’année suivante, l’album Monster a remporté un certain succès commercial.

La suite a été plus difficile pour Killer Mike. Jusqu’à ce qu’il rencontre El-P, en 2011. Leur alliance a d’abord donné naissance à l’excellent cinquième album de Michael Santiago Render, R.A.P. Music. L’aventure Run The Jewels a officiellement commencé en 2013 et son triomphe n’a fait qu’augmenter à toutes les sorties et tournées.

Ainsi, plus de 10 ans après son dernier disque solo, Killer Mike propose Michael. En plus du titre, le portrait de lui âgé de 9 ans sur la couverture annonce le ton : cette œuvre est près du cœur.

« This shit is so Atlanta », dit-il à la fin de la première pièce, la très sentie Down by Law. Le rappeur est né, a grandi et réside toujours dans la capitale de la Géorgie. Cela s’entend dans le flow, le propos, la musique, la chorale gospel et les collaborateurs. CeeLo Green, Young Thug, 6lack, Jagged Edge, Future, 2 Chainz, plusieurs « ATLiens » ont contribué de brillante façon à cette célébration de leur coin de pays. Le génial André 3000 livre même l’un de ses trop rares couplets sur Scientists & Engineers. Produite par celui-ci, No I. D., James Blake et DJ Paul, cette chanson est l’un des moments forts de Michael, mais il y en a plusieurs autres. Shed Tears donne des frissons, Talk’n That Shit ! fait hocher la tête, Something for the Junkies fait réfléchir et Motherless fait pleurer.

Plusieurs écoutes seront nécessaires pour saisir toute la richesse des textes de Killer Mike. Mais sa vulnérabilité et son authenticité, magnifiées par les chants choraux et ceux d’Eryn Allen Kane sur trois morceaux, nous happent dès la première séance de 54 minutes. La cadence extraordinaire de Killer Mike et les rythmes composés par No I. D. est ses acolytes permettent toutefois d’apprécier Michael sans se casser la tête, ou se briser le cœur.

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Michael

Rap

Michael

Killer Mike

Loma Vista Recordings

7,5/10