« Je suis content de voir que ça commence à prendre de l’ampleur. J’attendais que ça arrive au Québec depuis très longtemps. »

L’artiste montréalais Cruzito nous accueille le visage souriant et les lunettes de soleil devant les yeux, après sa performance de samedi à la deuxième édition du festival Fuego Fuego.

Ce sont 23 000 personnes qui se sont déplacées au Parc olympique pour chacune des deux journées de l’évènement où se produisaient des vedettes internationales comme Jhayco, Becky G, Manuel Turizo, Wisin y Fandel, Feid et El Alfa, mais également une belle brochette de talents locaux.

« Certains d’entre eux sont mes idoles d’enfance, c’est un plaisir de savoir qu’on peut les amener ici, que les gens peuvent en profiter. Partager la scène avec eux, c’est incroyable. »

Pour Cruzito, ce genre d’évènement représente bien le progrès qu’a réalisé la scène musicale latine de la métropole au cours des dernières années, tant en manière de visibilité que de reconnaissance.

« Il y a une évolution qui mène vers ça. Je ne peux pas être plus content que nous soyons davantage représentés, et pas juste dans la culture musicale, mais aussi dans les médias, dans les journaux, dans les galas », note celui qui a notamment reçu deux sélections au gala de l’ADISQ l’an dernier, dans les catégories musique du monde et collaboration internationale de l’année.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Cruzito sur le site du festival Fuego Fuego, samedi

Les gens commencent à voir que la musique latine est une musique qui domine worldwide. On n’en joue pas juste à Los Angeles, New York et Miami. Ça a pris une ampleur, et le Québec s’est dit : ‟Wow, on a une scène latine vivante et en santé !”

Cruzito

Plusieurs artistes qui étaient de la programmation du week-end sont établis à Montréal. C’est notamment le cas de la rappeuse Chika, du chanteur Ed Winter et du groupe Demasiado Eleg, mais aussi de Landy Garcia, d’El Melodiko et de Tr3ppy.

Cruzito, qui a été des deux premières éditions de Fuego Fuego, a vu la différence par rapport à l’an dernier.

« Cette année, c’était plus organisé et on était plus à l’écoute des artistes locaux, affirme-t-il. On avait des loges, de la bonne nourriture. Les tests de son étaient plus simples. C’était mieux rodé, et ils ont porté une petite attention particulière à nous. »

Aller plus loin

Maintenant que la poussière soulevée au Parc olympique retombe tranquillement, Cruzito espère que la scène latine ne tombera pas sous silence jusqu’à la troisième édition.

Loin de se plaindre, il sent qu’il y a un effort pour que ça fonctionne, au sein même de la communauté hispanophone. Les évènements qui étaient pratiquement exclusifs aux Colombiens, aux Dominicains ou aux Portoricains il y a quelques années, par exemple, ont laissé la place à des réunions plus accueillantes.

Dans les dernières années, on est un peu plus ensemble. Il n’y a plus cet égocentrisme national. Oui, on est fiers d’où on vient, mais on l’est encore plus d’être des immigrants latinos au Québec.

Cruzito

L’artiste de 36 ans est lui-même fier d’être montréalais. Il est né au Honduras, mais il a passé l’essentiel de sa vie ici. Sa ville, c’est Montréal.

« Je ne partirai jamais. La culture est diversifiée, la nourriture est bonne. Tu vas me trouver weird, mais j’aime le froid de l’hiver. J’aime avoir les quatre saisons. Et c’est aussi une des villes au Canada qui ont les plus belles filles », lance-t-il avec un sourire complice.

« Il y a une connexion entre les cultures québécoise et latino, ajoute-t-il. Les Québécois vont dans le Sud, veulent danser la salsa, ils aiment la culture latine et l’accueillent bien chez eux. »

Cruzito fait lui aussi des efforts pour développer son milieu. En compagnie de Joy Ride Records, sa maison de disques, il travaille entre autres sur un projet intitulé YNG LGNDZ : Leyendas – « jeunes légendes » – à travers lequel il donne la chance à nombre de jeunes artistes latinos montréalais de se faire connaître.

Bref, il sent que les choses avancent, et il est heureux d’y contribuer à sa manière. « Ça fait du bien. J’ai hâte de voir jusqu’où ça peut aller. »

En savoir plus
  • 54,6 milliards
    Bad Bunny, artiste latino le plus populaire dans le monde, comptabilise quelque 54,6 milliards d’écoutes sur Spotify. Le Portoricain de 29 ans est numéro 1 à ce chapitre pour les années 2020, 2021 et 2022. Il est aussi au deuxième rang des artistes les plus écoutés de tous les temps sur cette plateforme, devancé seulement par le rappeur Drake.
    Source : Chart Masters