Soleil et sourires plein la vue, judicieux mélange d’artistes locaux et internationaux, chaleur humaine de l’Amérique latine… la deuxième édition du festival Fuego Fuego, dont la programmation s’étend cette année sur deux jours, est déjà une réussite assurée.

Le Parc olympique, en cette superbe fin de semaine du mois de mai, est devenu une véritable bulle où l’espagnol remplace temporairement le bilinguisme français-anglais de la métropole. Une bulle estivale, enthousiaste, et qui a donné à toute une communauté l’occasion de célébrer (en grand) sa culture.

Devant 23 000 personnes et un site qui affichait complet, Jhayco a terminé la soirée en beauté. Le rappeur portoricain a ouvert le dernier acte du bal avec son succès Tarot, puis enchaîné avec bon nombre de ses chansons populaires auprès des amateurs de musique latine.

Casquette retournée, pantalons de cuir et grand chandail à manches longues, celui qu’on connaît aussi sous le nom de Jhay Cortez s’amusait. Il a invité son public à lever les bras en l’air à maintes reprises, ce qui a toujours été respecté. Ce fut une finale appréciée, acclamée, appropriée.

Avant-dernière à monter sur les planches, Becky G est apparue devant des milliers de paires d’yeux comme une étoile rose et blanc dans la nuit qui tombait. « Espagnol ou anglais, Montréal ? », s’est exclamée la chanteuse californienne d’origine mexicaine, dans les deux langues. « Je suis très heureuse d’être ici, merci à vous de m’accueillir ! », a-t-elle continué.

Visiblement habituée de la scène et remplie d’assurance, celle qui est également danseuse a frappé fort dès le premier coup avec Mayores. Elle n’a fait que continuer sur cette jolie lancée avec Sin Pijama ou Mamiii, entre autres.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

La foule était nombreuse sous le soleil samedi.

Manuel Turizo, à peine âgé de 23 ans, a su faire vibrer la foule dès son arrivée sur scène. Chacune de ses interventions était suivie de forts applaudissements, ce qu’on a également pu observer dès les premières notes de chacune de ses chansons.

Vêtu d’une simple camisole blanche et d’amples pantalons rosés, lui aussi, le chanteur de reggaeton a interprété les plus grands succès de son catalogue, en plus d’énumérer des pays latino-américains pour que ses représentants respectifs se fassent entendre. C’est le sien, la Colombie, qui a obtenu la plus grande réaction.

Ce ne sont pas les festivals qui manquent durant l’été à Montréal, et pourtant celui-ci a quelque chose d’unique. Il y règne une sorte de solidarité sous-entendue, solidarité qui sans doute est alimentée par les racines communes que partage son public.

C’est comme si toute la communauté latino-américaine de la métropole s’était donné rendez-vous au même endroit, au même instant, pour partager un moment autour d’un amour commun : celui de la musique latine. Et qu’au passage, elle en avait profité pour inviter les curieux d’ici qui souhaitaient vivre une expérience immersive.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Les drapeaux de bon nombre de pays d’Amérique latine étaient visibles parmi la foule.

Il n’a pas fallu attendre longtemps avant que les visiteurs soient accrochés et investis. Au beau milieu de l’après-midi, peu de temps après l’ouverture des portes, ils étaient déjà quelques milliers à chanter en chœur les paroles des morceaux qu’ils connaissent bien. DJ ND, DJ EP et DJ Luian se sont adroitement chargés de nourrir leurs oreilles.

S’ils n’étaient évidemment pas sur place, c’est comme si Bad Bunny, J Balvin, Daddy Yankee ou Farruko faisaient partie de la programmation, tant on pouvait les entendre.

Et plus la journée avançait, plus le site paraissait bondé. Lorsqu’on se plaçait un peu en hauteur, on voyait une mer de monde.

Les festivaliers ont notamment eu l’occasion de voir la rappeuse québécoise d’origine mexicaine Chika, les Montréalais Ed Winter et Cruzito, ainsi que la chanteuse canado-vénézuélienne Aiona Santana. Il y avait un souci d’inclure des talents locaux dans la programmation.

Seul pépin notable : le chanteur Sech, originaire du Panamá, n’a pas pu se présenter pour sa performance prévue samedi soir. Il n’a pas réussi à obtenir son visa pour entrer au Canada. La foule et sa vigueur soutenue ont toutefois largement compensé tout au long de la journée.

Belle occasion

Mariana Gueza, native de Veracruz, au Mexique, a été la première à se produire sur scène de toute la fin de semaine. Elle réside à Montréal depuis un an.

Après s’être lancée dans la musique au printemps 2020, l’artiste de 28 ans a présenté son répertoire devant une si grande foule pour la première fois de sa carrière.

« C’était comme une épiphanie, a-t-elle confié à La Presse après son spectacle. C’est la manifestation de tout ce pour quoi j’ai travaillé depuis 2020. » Attachante et visiblement saisie par les émotions, elle n’avait que de la reconnaissance à exprimer pour l’énergie de la foule.

La musique, pour Mariana, est un lieu sûr. Son seul, en fait, puisque c’est seulement là qu’elle peut décider et contrôler tout ce qui se passe. Et elle croit avoir choisi un bon endroit où faire évoluer sa carrière sur la scène latine. « J’adore les gens ici. Je ne parle pas leur langue, mais je parle leur langage », a-t-elle dit, la main près du cœur.

Son rêve ? Mariana a promis à sa mère, lorsqu’elle a abandonné ses études, qu’elle remporterait un jour un Grammy « à titre de compensation, au lieu d’un diplôme ». Sa carrière ne pourrait être complète sans cela, croit-elle, sachant qu’elle vise haut.

A-t-elle envie de revenir jouer à Fuego Fuego ? « Oui, absolument, nous répond-elle en espagnol. Je les invite à m’inviter plus tard, et à ce que mon nom soit plus grand sur l’affiche », lance-t-elle avec l’air rieur et un sourire en coin.

Le festival de musique latine se terminera ce dimanche. Le duo portoricain Wisin y Yandel y paraîtra comme tête d’affiche, suivi du chanteur colombien Feid et du rappeur dominicain El Alfa. Arcangel, Tokischa, Landy Garcia, La Materialista, Demasiado Eleg, DJ Danny Castro, El Melodiko, Tr3ppy et DJ Peruluno complètent la programmation.

Consultez le site du festival