Le prince de la pop française revient avec un disque d’une sensibilité allergique aux épanchements et d’une grande classe sur le plan des mélodies.

Six ans qu’Étienne Daho n’avait pas lancé de nouvelles chansons. On le dit, mais au fond, ça ne compte pas vraiment. Le temps semble n’avoir aucune prise sur l’icône de la pop française. Sa voix — c’est épatant — n’a pas pris une ride. Sa pop ne fait pas non plus ses 67 ans : Daho cale ses mélodies sur des rythmes qui se déhanchent doucement et qui, lorsqu’ils dansent plus franchement (Les petits criminels), restent assez loin de la house.

Tirer la nuit sur les étoiles est en fait un disque sans âge, comme son auteur. Il sort dans les années 2020, mais il aurait peut-être pu être enregistré dans les années 1980. Pas tant parce qu’il affiche des sonorités typiques d’il y a 40 ans — non, heureusement —, mais parce que Daho, au fond, n’a pas beaucoup changé. C’est le même dandy, dont le chant plein de glissements est souvent à la limite de sonner faux.

Sa plume raconte ici les amours passionnées (la chanson titre, en duo avec Vanessa Paradis), les amours promises (Boyfriend), les amours difficiles (Comme deux aimants) et celles qui se défont (Les petits criminels). Daho chante l’amour sous toutes ses coutures, sans jamais coudre ses chansons de fil blanc. Il garde toujours un bras de distance avec la mièvrerie et son romantisme garde quelque chose de cérébral.

Son atout demeure ces musiques riches, souvent portées par des basses rondes qu’on dirait empruntées au Gainsbourg de Melody Nelson, mais revues par Air. Daho et ses collaborateurs enjolivent ses chansons d’arrangements luxueux, sans excès de brillance, avec juste ce qu’il faut de cordes, de cuivres ou de claviers. C’est opulent, sans ostentation.

Daho ne se réinvente pas vraiment. N’innove pas vraiment. Il ne se fera probablement pas de nouveaux amis avec ce nouveau disque. Daho fait du Daho, ce qui est déjà bien beau.

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Tirer la nuit sur les étoiles

POP

Tirer la nuit sur les étoiles

Étienne Daho

Barclay/Universal

7/10