Pour son 12e album, qui sort quatre ans après Désobéissance, la cultissime Mylène Farmer a fait équipe avec de grands noms de la musique électro : ses compatriotes Woodkid et AaRON, ainsi que le groupe anglais Archive et nul autre que Moby. Les 12 chansons sont sur le thème de l’emprise amoureuse, de l’euphorie des débuts à la désillusion, jusqu’au puissant sentiment de renaissance qui jaillit quand on parvient à s’en libérer.

« Sentiment d’être seule au monde […] Je n’ai plus peur / Seul reste un haut-le-cœur […] Requiem pour tout recommencer », chante Mylène Farmer sur l’extrait À tout jamais.

« Il ne faut jamais s’oublier », plaide-t-elle dans l’introduction parlée de Do You Know Who I Am, chanson qui relate le dur constat de s’être trop effacée au profit de l’autre. Musicalement, c’est l’une des pièces les plus riches de l’album, et l’enchaînement avec la chanson Rallumer les étoiles fait mouche. C’est sur des basses new-wave que Mylène Farmer se libère de ses blessures sur une musique signée Moby et un échantillonnage vocal féminin galvanisant. La pièce Rayon vert, chantée avec Simon Buret du duo AaRON, est aussi de très haut calibre synth-pop, ce qui compense pour les quelques ballades pop-symphoniques de l’album qui manquent de tonus mélodique (Invisibles, Que l’aube est belle).

À 61 ans, l’interprète de Désenchantée a une aura d’icône qui ajoute encore davantage à son charme magnétique, sa voix céleste et sa prise de parole en phase sur son époque. En souhaitant aux femmes « de ne plus se faire du mal » et de la « délivrance », Mylène Farmer s’inscrit subtilement dans l’ère post #metoo.

Pour reprendre le titre d’une autre excellente chanson de son nouvel album écrite avec Moby, on souhaite telle une bouteille à la mer que Mylène Farmer vienne enfin se produire à Montréal (où elle est née, faut-il le rappeler), d’autant qu’une grande tournée de stades est prévue en juin en Europe.

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L’Emprise

Pop

L’Emprise

Mylène Farmer

Sony

7/10