Le Festival d’été de Québec (FEQ) s’est terminé dimanche avec un spectacle de Half Moon Run et ses invités (Les Sœurs Boulay et Daniel Bélanger) sur les plaines d’Abraham, à la suite d’une autre journée remplie de musique.

Les Montréalais Half Moon Run ont beau être des chouchous du public québécois, ils ne tiennent pas pour acquis une occasion comme le concert de clôture du FEQ sur les plaines d’Abraham. Parce qu’ils savent tout ce que ce moment représente, ils ont monté pendant des mois un spectacle expressément pour cette soirée spéciale.

La fabuleuse histoire musicale que nous a racontée le groupe samedi soir a débuté avec la pièce Judgment, tirée du tout premier album du groupe, Dark Eyes.

Le fantastique quatuor Esca, qui l’accompagne souvent sur scène, s’est installé ensuite pour I Can’t Figure Out et la plupart de celles qui ont suivi. Trois autres cordes se sont ajoutées, pour plus de volume, plus d’impact. Tous ses albums ont garni la setlist du groupe, alors qu’il a enchaîné avec Unofferable, Narrow Margins, Flesh and Blood ou la populaire Call Me in The Afternoon.

Production de haut calibre

Half Moon Run a sorti les gros canons dimanche. Contrairement à Rage Against the Machine la veille, qui propose un spectacle en tournée qui s’exporte parfaitement à la scène des plaines d’Abraham, Half Moon Run a dû « construire un spectacle au complet pour cette unique soirée », nous expliquait le meneur de la formation, Devon Portielje, plus tôt dans la journée. Une quarantaine de personnes ont travaillé sur ce concert, a-t-il affirmé.

  • Spectacle de Half Moon Run

    PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

    Spectacle de Half Moon Run

  • Spectacle de Half Moon Run

    PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

    Spectacle de Half Moon Run

  • Spectacle de Half Moon Run

    PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

    Spectacle de Half Moon Run

  • Spectacle de Half Moon Run

    PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

    Spectacle de Half Moon Run

  • Spectacle de Half Moon Run

    PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

    Spectacle de Half Moon Run

1/5
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Parmi tout ce monde, le réalisateur, compositeur et musicien Pilou, qui ici a joué le rôle de directeur artistique. Half Moon Run crée une atmosphère intime lorsqu’il est sur scène. Au MTelus ou à L’Olympia, on est absorbé dans cette bulle confortable que le groupe installe. Sur la plus grande scène en Amérique du Nord, il a fallu être créatif pour que même ceux qui étaient à des centaines de mètres se sentent inclus dans cette bulle. Une des solutions : « beaucoup de caméras très rapprochées qui donnent un effet plus intime », nous expliquait Devon. Un vocabulaire visuel très organique, également. « Pilou voulait que les gens aient la sensation d’être sur le mush, s’ils ne le sont pas déjà ! » Mission accomplie : c’était beau à voir et on a bel et bien eu l’impression de planer.

Le talent des Sœurs Boulay

Vocalement, côté instrumental, mais aussi dans l’énergie amenée sur cette immense scène, Half Moon Run a été à la hauteur. Il a rempli l’espace, fait de cette scène la sienne.

Pour l’un des « plus gros shows de [leurs] vies », qui devait initialement avoir lieu en 2020, les Montréalais avaient commencé à se préparer en 2019. La pandémie a causé ce que l’on sait dans le monde de la musique et il a fallu mettre tout cela sur pause.

« On sait que Québec est bonne envers nous, a ajouté Devon. On a été adoptés par les gens de Québec. » Cette dernière phrase a été prononcée en français — le chanteur s’améliore dans la langue de Molière. D’ailleurs, dimanche, il a eu l’occasion de le mettre en pratique, et ce, devant des dizaines de milliers de personnes.

Les premières invitées de Half Moon Run, Les Sœurs Boulay, sont arrivées après une poignante interprétation de Need It.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Half Moon Run avec Les Sœurs Boulay et Daniel Bélanger

Pour le chapitre les incluant, les auteures-compositrices-interprètes, qui feront paraître leur prochain album le 21 octobre, ont chanté leur superbe ballade Nous après nous, accompagnées des garçons de Half Moon Run. Les harmonies vocales sont un des points communs entre les propositions des deux formations. Lorsque les voix de Mélanie et Stéphanie Boulay rencontrent celles de Devon, Conner et Dylan (agrémentées des cordes du quatuor Esca), quelque chose de magique se passe.

Ça a continué avec Sun Leads MOn, de Half Moon Run, pour laquelle les cinq artistes se sont rassemblés autour du même micro. Talent brut à l’action. Frissons garantis.

Fait rare pour Half Moon Run, cette collaboration sur scène avec d’autres artistes.

Nous avons choisi [Les Sœurs Boulay et Daniel Bélanger] dans une énorme liste qu’on avait faite. [Les Sœurs Boulay] ont des voix incroyables. Ça semblait aussi juste d’amener une énergie féminine à ce qu’on allait présenter.

Devon Portielje, meneur de Half Moon Run, quelques heures avant le spectacle

Les gars de Half Moon Run ont fait la demande de cette collaboration aux Sœurs Boulay il y a deux mois environ, nous racontaient-elles avant le spectacle. « C’est une chance à laquelle on n’aurait pas accès en tant que nous, a constaté Stéphanie. On n’est pas rendues là, alors je trouve ça cool de pouvoir le faire par personnes interposées. Ça me fait rêver. »

« Je me suis même demandé s’ils connaissaient nos chansons pour vrai, a lancé Mélanie. Un jour, ils nous ont envoyé un petit mémo vocal pour nous faire entendre qu’ils avaient déjà commencé à pratiquer notre chanson ! On a vu qu’ils y mettaient vraiment leur cœur et que ça marchait. »

« Besoin » de la scène

L’illustre Daniel Bélanger est arrivé en fin de spectacle pour Les deux printemps. Une magnifique rencontre, aussi inattendue que brève et efficace. Le spectacle s’est conclu avec la récente Grow Into Love, encore une fois en mode intimiste, alors que tous les artistes du spectacle ont joint leurs forces : Half Moon Run, Les Sœurs Boulay, Daniel Bélancer et le quatuor Esca.

Cela fait maintenant quelques semaines que Half Moon Run est sur la route. Après un dernier spectacle à Sherbrooke, le trio prendra une pause pour continuer de travailler sur son prochain album, que Devon annonce en 2023, idéalement. Après la pandémie, ceux qui sont reconnus pour être de vraies bêtes de scène ont pu renouer avec cette partie de leur art qui les fait vibrer. « Le premier show de retour [en 2021] après 550 jours sans avoir joué, ça a été une expérience de vie mémorable. Je pense vraiment que j’ai besoin de tout ça [la scène]. » Expérience mémorable également du côté du public, c’était flagrant.

Les rideaux se sont fermés dimanche sur cette édition du FEQ après deux semaines de célébration en compagnie d’invités aussi variés que prestigieux, aussi passionnés que bons à découvrir. Cette dernière soirée, surtout grâce à Half Moon Run (et ses invités), a été la conclusion idéale.

Walk The Moon

Le groupe américain Walk the Moon, mené par Nicholas Petricca (à la si jolie voix), a proposé sa pop dansante aux festivaliers réunis pour le spectacle final (Half Moon Run) devant la scène principale. Sous le soleil de début de soirée, lorsqu’il a joué certains de ses succès, le trio a probablement surpris beaucoup de festivaliers, se rendant compte qu’ils connaissaient la chanson. Walk the Moon est ce groupe populaire sans vraiment l’être, bien aimé sans être adoré par un très grand nombre. Cela ne l’a pas empêché de tout donner sur scène, devant des Plaines de plus en plus bondées. Entre les hymnes d’aréna rassembleurs et les chansons pour danser sans retenue, le groupe a su bien réchauffer la foule avant Half Moon Run.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Sarahmée

Sarahmée a « enjaillé » le parc de la Francophonie en fin d’après-midi. Le soleil bouillant qui a tapé toute la journée commençait à peine à se coucher quand la rappeuse et chanteuse, parfois accompagnée de ses deux danseuses, a fait remonter la température. Dans un ensemble assorti tie-dye, cheveux teints en blond, Sarahmée est montée sur scène avec une énergie redoutable. Aidée par Eman en milieu de spectacle pour Diamants (les deux artistes de Québec ont collaboré sur le dernier album du rappeur d’Alaclair Ensemble), Sarahmée a sinon d’elle-même offert un moment agréable. Six mois après la mort de son frère Karim Ouellet, elle a demandé un court et touchant moment de silence avant de relancer la machine de plus belle. « Queen Sarahmée », a lancé Eman lorsqu’il était sur scène. Nous sommes d’accord.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Fredz

Le jeune Fredz est en train de bâtir son expérience sur scène. Le FEQ était son « premier gros festival », il a été notre coup de cœur de la soirée. En entrevue avec La Presse il y a quelques mois, alors que son second album Astronaute allait sortir, le Montréalais de 20 ans racontait apprendre à la dure comment donner un bon show. Un constat en le voyant sur la scène du parc de la Francophonie du FEQ : il est sur la bonne voie. Fredz est une graine de star. Ses chansons sont bien écrites et produites, il les présente de manière convaincante en concert (accompagné d’un batteur et d’un claviériste-guitariste), sa présence est accrocheuse. Après chaque chanson, sa réaction est attendrissante. Il sourit comme s’il n’en revenait pas de la chance qu’il a, il est visiblement reconnaissant. « Merci d’être venus, c’est un rêve. »

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE