Applaudissez, bande de chameaux. Ce n’est pas nous qui le disons, jamais nous n’oserions. C’est le titre du deuxième album de Larynx, un de ces fabuleux plaisantins camouflant sa mélancolie derrière un barrage de textes saugrenus ou faussement nonos.

Professeur Malin. Cher Jean-Prune. L’autoroute des mardeux. À première vue, Alexandre Larin n’envisage pas l’art de la chanson avec le même esprit de sérieux qui tient tant de musiciens à distance de cet ingrédient essentiel à un bon album : le plaisir.

Après Ruche de mouches en 2020, le fantaisiste répondant au nom d’un organe cartilagineux témoigne sur ce deuxième disque d’un omnivorisme musical semblable à celui d’un Kurt Vile, d’un Navet Confit, ou d’un Jimmy Hunt, avec qui Larynx partage cette même élégance dans l’impertinence et la déglingue. Le claviériste et saxophoniste Christophe Lamarche-Ledoux, un des principaux architectes de Maladie d’amour (2013), collabore d’ailleurs à 4 des 17 morceaux qu’a coréalisés l’artiste avec Étienne Dupré (Caltâr-Bateau) et Jonathan Charette (Le Roi Poisson).

Omnivorisme et élégance ? C’est que notre loustic possède les connaissances encyclopédiques d’un collectionneur de disques aux goûts irréprochables. Il emprunte notamment à la pop baroque (Mauricie), au country du désert (Beau beam), au rock kinksesque (J’ai dessiné un cœur dans la neige), au psychédélisme doux (Space tess, dont le texte ne semble pas relever de la fiction) et au shoegaze (Hafènaf, l’ode au partage que My Bloody Valentine n’a jamais osé enregistrer).

Derrière ses refrains d’apparence absurde, Larynx parle pourtant de sujets sérieux comme l’étrangeté du désir (Amour de réglisse), la dureté de la déception amoureuse (Tu as tellement changé) ou le poids aliénant du quotidien (Balliterie (Championne)), une des plus grandes chansons jamais écrites sur cette tâche sisyphéenne qui consiste à sortir les poubelles).

Julian Casablancas n’aurait qu’à apprendre le français et voilà, les Strokes pourraient ajouter un succès à leur répertoire en reprenant la très, très entêtante Demain, j’parle à personne. C’est exactement ce à quoi nous occuperons notre journée de demain : ne parler à personne, pour mieux écouter Larynx.

Écoutez la chanson Demain, j'parle à personne
Applaudissez, bande de chameaux

Indie rock

Applaudissez, bande de chameaux

Larynx

Bonbonbon

7/10