Ce samedi soir, l’Orchestre symphonique de Laval présente un concert à guichets fermés… parce qu’on n’ouvre pas le guichet pour jouer devant une salle vide.

Le gala lyrique, avec plusieurs excellents jeunes chanteurs de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal, sera capté pour une éventuelle diffusion web. Une de plus !

Car les stocks s’accumulent : un film symphonique intitulé Les grands classiques, un concert soulignant le 15e anniversaire du chef Alain Trudel à l’OSL, tout ça sera diffusé gratuitement au cours des prochaines semaines, sur les comptes Facebook et Instagram de l’orchestre.

À la tête de tous ces projets, Alain Trudel, qui vient de renouveler pour cinq ans son contrat en tant que directeur musical de l’orchestre de Laval. Un musicien surdoué (chef, tromboniste et compositeur) qui a accumulé, entre autres, un grand prix du disque de l’académie Charles Cros, le prix Virginia-Parker du Conseil des arts du Canada, des prix Opus et une nomination récente comme chevalier de l’Ordre national du Québec. Ajoutez quatre enfants, de 5 à 30 ans, deux petits-enfants, un cancer fulgurant traversé il y a plus de 15 ans, et vous comprendrez qu’Alain Trudel n’est pas du genre à se décourager, encore moins à rester les bras croisés.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Alain Trudel

Dès le premier jour de ses récentes vacances forcées, Alain a sorti son trombone, l’instrument qui l’a fait connaître, très jeune, à la fois dans le milieu de la musique classique et dans celui du jazz.

Combien de temps pour retrouver la forme au trombone, Alain ? « Un minimum de dix jours, à condition d’être patient, de remettre en place tous les fondamentaux techniques avant de jouer des pièces. »

C’est exactement comme pour un sportif de haut niveau, si je brûle des étapes, je le paie très cher : il faut prendre le temps de reforger l’épée du roi Arthur !

Alain Trudel

En l’écoutant jouer, on a l’impression que sa technique de remise en forme rapide est à toute épreuve.

Directeur musical de l’OSL, Alain Trudel est également à la tête du Toledo Symphony, en Ohio, où il dirige 17 programmes différents. Cette année, il y sera aussi soliste. « En solo devant mon orchestre, il faut que je sois au top de mon niveau. Si, la semaine suivante, en reprenant la baguette, je dois dire à un musicien qu’il joue trop haut, je n'ai pas envie de me faire répondre : toi aussi, t’étais un peu haut, mardi dernier ! »

Conserver la maîtrise de son instrument lui rappelle l’essentiel : « Il y a un engagement humain, derrière le son. Un chef qui ne joue jamais d’un instrument peut finir par se déconnecter de cette réalité. »

Alain Trudel reconnaît la force de cet engagement chez les musiciens de l’Orchestre symphonique de Laval : « Ils sont solides, individuellement et collectivement. Ils sont ouverts, peuvent jouer dans tous les styles. C’est ce qui fait que nos enregistrements sont remarqués. »

C’est entre autres ce qui a incité le chef à accepter un nouveau contrat de cinq ans à Laval : « Il fallait bien réfléchir, parce que ça implique de refuser du travail ailleurs. Mais ici, c’est la maison ! »

Comme beaucoup d’entre nous, Alain Trudel a passé beaucoup plus de temps que prévu à la maison, depuis deux ans. Il est conscient de traverser la crise avec un meilleur parachute que beaucoup de musiciens à statut précaire qu’il côtoie : ça lui a permis, dès le premier confinement, de se lancer dans la composition d’un concerto pour piano, un projet amorcé il y a… 25 ans !

J’avais en tête, depuis le début, un petit orchestre à cordes, simplement augmenté d’un cor solo et de percussions : ça se fait bien en distanciation sur scène, c’était le bon moment !

Alain Trudel

Après avoir terminé la composition, Trudel l’a envoyée à trois pianistes qu’il admire. Trois quarts d’heure plus tard, Charles Richard-Hamelin l’appelait, enthousiaste, lui proposant d’en assurer la première : ce sera fait en juin, à Toledo. Dommage pour nous, sauf que Toledo a développé une plateforme payante pour la diffusion de ses concerts.

Beaucoup d’inconnu, d’ajustements à venir dans le milieu des concerts, mais la force de la musique est là pour de bon.

Des suggestions pour s’initier à la musique classique

J’ai demandé à Alain Trudel de suggérer trois œuvres capables de faire vibrer une personne qui aurait pris la résolution de s’ouvrir à la musique classique en 2022. Voici ses choix, du plus intime au plus grandiose :

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La première Danse hongroise de Brahms

La finale de la Symphonie no 2, Résurrection, de Gustav Mahler

Si vous aimez Mahler, rendez-vous le 2 mars à la Salle André-Mathieu : Alain Trudel dirigera Le chant de la terre, deux grands solistes sont invités, et les guichets seront bien ouverts.

Pour suivre l’Orchestre symphonique de Laval :

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