Depuis les années 1990, le nom d’Hervé Niquet s’est imposé dans le paysage musical comme synonyme d’audace, d’érudition et de passion. Il sera de retour à l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) le 22 décembre pour l’oratorio L’enfance du Christ de Berlioz après y avoir dirigé un Requiem de Mozart fort remarqué il y a deux ans.

Nous attrapons le musicien au retour de ses répétitions pour le ballet La belle au bois dormant de Ferdinand Hérold, partition passablement oubliée qu’il contribuera à faire revivre lors d’une tournée avec l’Orchestre national de l’Île-de-France.

« Il s’agit du premier ballet à pointes, un précurseur des œuvres d’Adolphe Adam, Tchaïkovski, etc. C’est vraiment du bel ouvrage, on a des airs qui nous restent dans la tête plusieurs jours durant », raconte Hervé Niquet.

Mais l’hyperactif musicien a beaucoup d’autres plats sur le feu : « J’ai tellement la tête farcie ! Je viens de travailler avec l’Orchestre de chambre de Paris pour enregistrer le Concerto pour piano de Reynaldo Hahn. Avec le Concert Spirituel, on vient de faire Richard Cœur de Lion de Grétry et Israël en Égypte [de Haendel]. On a trois comédies-ballets de Molière cette année, dont Le malade imaginaire. On va aussi vers La flûte enchantée et Le roi Arthur [de Purcell]. »

Vous devez avoir une bonne capacité d’absorption pour diriger tout ça en si peu de temps, monsieur Niquet ? « Il faut, sinon, je serais mort depuis longtemps, répond-il. Au bureau, j’ai une armoire où se trouve tout ce que j’ai appris durant mes 35 ans avec le Concert Spirituel. Ça me fait peur, tout ce que j’ai dû me mettre dans la tête, c’est assez effrayant ! »

« En même temps, ça vous maintient en vie, ajoute le musicien. Si j’étais un chef classique qui connaît un certain nombre de symphonies et de concertos, plus cinq ou six opéras, ce serait différent. Je ne dis pas que c’est facile, mais c’est plutôt rassurant et confortable. Mais je monte souvent au pupitre avec une œuvre différente toutes les semaines et je ne peux même pas l’écouter et dire ‟on la connaît, on l’a entendue”. Là, il n’y a rien. »

Sortir de sa zone de confort, le chef s’y connaît. On l’a notamment entendu à France Musique dans une série de chroniques remarquées. « Il y a deux maisons d’édition qui m’ont demandé de les éditer, car cela a beaucoup amusé et remué les auditeurs, révèle Hervé Niquet. La radio en direct, c’est le goût du théâtre, le goût de la scène que j’ai constamment. C’est pourquoi je fais beaucoup de choses en théâtre, avec des interactions avec le public. »

« Il y en a qui non seulement n’aiment pas ça, mais ne savent pas faire, poursuit-il. Il faut avoir envie de le faire. Être acteur, c’est un vrai métier, tout se prépare, la moindre virgule. D’autant plus quand c’est dans le comique. Le spectacle qu’on fait, La belle au bois dormant, on a une trame et ça change tous les soirs. Il y a un goût du danger supplémentaire, j’aime beaucoup ça ! »

Même s’il est invité partout dans le monde, le chef français est loin de trouver anodin de venir diriger l’OSM.

« Ce n’est pas un orchestre, c’est une institution pour moi. Les premiers disques de musique que j’ai eus, c’était l’Orchestre symphonique de Montréal avec Charles Dutoit. Me retrouver devant eux, c’est comme un gamin qui retourne dans un magasin de bonbons, quoi ! C’est une fête incroyable ! En Amérique du Nord, ils sont presque les tenanciers du style français. Pour Berlioz, c’est un atout formidable. »

L’orchestre, enfin, n’est pas le seul de nos atouts, notamment pour une œuvre vocale comme L’enfance du Christ. « S’il y a un pays au monde où la diction du XIXe siècle, la prononciation des belles voyelles est respectée, c’est vraiment au Canada. Je suis ravi d’aller faire ça avec le chœur là-bas. En France, la télévision a tué beaucoup de choses, tout a été homogénéisé. Mais Berlioz avait un fort accent, il venait de la montagne. C’est quelqu’un qui avait une personnalité sonore. »

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