(Montréal) L’allure singulière de La sentinelle, installation temporaire présentée par l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) au parc Saint-Paul, dans le Sud-Ouest de Montréal, ne manquera pas d’attirer les badauds. Ils auront la surprise d’entendre la Symphonie n7 de Beethoven retentir, quand ils tenteront de s’asseoir dans les fauteuils…

« On a l’habitude d’inviter les gens à venir nous voir à la Maison symphonique, dit Simon Ouellette, chef des projets spéciaux à l’OSM. Là, on va vers les gens. » La sentinelle a été réalisée en collaboration avec les studios d’art public La boîte interactive et HUB Studio.

En place depuis le 24 juillet, l’œuvre éphémère vise à initier les profanes à l’univers de la musique symphonique, sans s’encombrer du décorum habituel des orchestres.

Les arts de la scène vivent souvent dans des institutions qui sont hermétiques. Notre projet a cliqué avec l’OSM, parce que nous avons tous l’ambition de renouveler le public.

Gonzalo Soldi, directeur artistique chez HUB Studio

À première vue, difficile de comprendre le sens de La sentinelle. On voit quatre confortables fauteuils de concert, apparemment égarés loin de leur salle. Une scène – dont les fioritures rappellent l’Art nouveau – semble trop petite pour vraiment accueillir des musiciens. Une lampe marine vacille, comme pour inviter les passants à s’asseoir.

PHOTO KARENE-ISABELLE JEAN-BAPTISTE, COLLABORATION SPÉCIALE

Dans La sentinelle, une lampe marine vacille, comme pour inviter les passants à s’asseoir.

C’est lorsqu’on s’assoit sur l’une des chaises que la magie opère : la musique retentit, mais pas complètement. Chaque fauteuil est associé à une famille différente d’instruments de l’orchestre : les cordes, les cuivres, les bois ou les percussions. Quand on s’assoit, on entend uniquement le jeu des instruments de cette famille. Il faut donc coopérer pour pleinement profiter du spectacle. « Peut-être que ce sont des inconnus qui vont s’asseoir ensemble pour faire résonner l’œuvre ! souligne Simon Ouellette. Ça devient un lieu de rencontre, d’échange et presque de concertation. C’est très intéressant. »

PHOTO KARENE-ISABELLE JEAN-BAPTISTE, COLLABORATION SPÉCIALE

Un des fauteuils interactifs de La sentinelle

L’OSM a choisi, pour cette installation, un enregistrement du deuxième mouvement de la Symphonie n7 de Beethoven, réalisé par Kent Nagano il y a quelques années. « C’est un mouvement qui nous permet de vraiment bien différencier les différentes sections de l’orchestre », dit Simon Ouellette. La musique s’accompagne d’un jeu de lumières sophistiqué, lui aussi seulement accessible si tous les fauteuils se remplissent.

Le projet, subventionné par la Ville de Montréal, a lieu au moins jusqu’au 13 septembre.

Consultez le site de l’OSM