(Paris) « C’est comme une libération » : Alain Souchon savoure la reprise des concerts, ces « rendez-vous d’amitié », après avoir été bloqué « comme un idiot » chez lui par la crise sanitaire.

L’interprète de J’ai dix ans était dans une période faste fin 2019-début 2020 entre la sortie de son album Âme fifties, troussé avec ses fils Charles (nom de scène Ours) et Pierre, une Victoire de la musique et une tournée-fleuve.

Et le premier confinement est arrivé.

« Quand on fait une tournée, on prend son élan et on y va, là on a couru pour sauter, mais l’élan a été brisé, on ne saute pas et on se retrouve comme un idiot chez soi », raconte à l’AFP l’artiste programmé dimanche en clôture du festival du Printemps de Bourges.

Cet arrêt forcé des concerts a-t-il été propice à la création ? « Je pensais que oui, ça le serait, bon ben non, je n’ai pas été très inspiré. L’ambiance générale du monde était un peu atone, je n’ai pas eu d’idées brillantes ».

« Et écrire des chansons sur la pandémie, non, on n’a pas envie de parler de ça, on a envie de passer à autre chose, au soleil, à la plage, aux filles qui dansent (rires) ».

À 77 ans, l’éternel dandy à la tête dans les nuages s’est fait vacciner sans sourciller. « J’ai eu mes deux doses, j’ai fait la queue pendant trois heures avec des gens de mon âge sur le trottoir en face de Notre-Dame ».

Théâtres à la rentrée

« Quand j’étais jeune, il y avait la polio, le président des États-Unis (Franklin D. Roosevelt) l’avait eue, il était sur une petite chaise (roulante, il se déplaçait aussi avec des béquilles), et il y avait eu une grande campagne de vaccination à la fin des années 50. La polio avait beaucoup régressé : avant, quand on se baignait dans une rivière, les gens disaient “attention à la polio et tout !” », rebondit-il. « Depuis ça, quand il y a un problème et qu’on dit il faut se faire vacciner, je suis dans le camp de ceux qui sont vaccinés ».

Les concerts sont repartis et le pourfendeur de l’« Ultra moderne solitude » ne boude pas son plaisir, même devant un public masqué et assis (retour des spectacles debout le 1er juillet). « Je fais des festivals cet été (après le Printemps, les Francofolies à La Rochelle, entre autres) et à la rentrée je vais faire des petits théâtres, j’aime bien ça, on peut prendre du temps, des silences, faire des grimaces (rires) ».

« C’est comme une libération », se réjouit le chanteur de Ya d’la rumba dans l’air. « En tournée on a l’amour des autres », glisse celui qui décrit aussi ses spectacles comme des « rendez-vous d’amitié ».

« Je chante toujours un peu pareil depuis 40 ans (rires) », esquive-t-il quand on l’interroge sur sa liste de chansons. Il y aura des titres d’Âme fifties et des classiques, qui auront une petite résonance inconsciente avec la crise sanitaire.

« Je commence par Allo maman bobo tout seul avec ma guitare et pour finir, La vie ne vaut rien, un petit truc que j’ai pompé sur André Malraux, la vie ne vaut rien, mais rien ne vaut la vie, c’est-à-dire qu’il faut faire tout ce qu’on peut pour sauver une vie ».