Le 250e anniversaire de naissance de Beethoven, célébré l’an dernier, continue de porter des fruits sur le plan discographique. Le chef d’orchestre andalou Pablo Heras-Casado, qu’on a pu entendre à l’OSM il y a deux ans, est l’un des plus prolifiques laboureurs du terreau beethovénien de notre époque. C’est avec l’Orchestre baroque de Fribourg, ensemble jouant sur instruments d’époque avec lequel il collabore fréquemment, que le musicien a choisi d’enregistrer sa série de disques en hommage au compositeur allemand.

Après deux albums consacrés aux concertos pour piano avec le pianofortiste Kristian Bezuidenhout et un autre consacré à la Neuvième symphonie, Heras-Casado s’est attaqué au Triple concerto pour violon, violoncelle et piano. Comme pour sa série d’enregistrements des œuvres concertantes de Schumann, il a choisi de travailler avec la violoniste Isabelle Faust, le violoncelliste Jean-Guihen Queyras et le pianiste Alexander Melnikov (ici sur un magnifique pianoforte viennois de l’époque de Beethoven), trois formidables solistes qui se produisent fréquemment en duo ou en trio.

Le Triple concerto de Heras-Casado est probablement un des plus concis sur le marché, notamment à cause de son largo inhabituellement allant, ce qui surprend au départ, mais a tôt fait de susciter l’adhésion, puisque que cela n’empêche pas les instruments solistes de jouer molto cantabile (« très chantant »), comme le demande Beethoven.

IMAGE FOURNIE PAR HARMONIA MUNDI

Beethoven : Triple concerto et Trio pour piano, opus 36 [Symphonie no 2]

Les deux mouvements extrêmes regorgent de sève, avec une remarquable gestion des nuances. La matière orchestrale est extrêmement détaillée, faisant ressortir des détails rarement entendus. Ce parti pris pointilliste se fait heureusement sans porter ombrage à l’expression, toujours naturelle et généreuse.

Comme pour la série Schumann, Harmonia Mundi a choisi d’associer le concerto avec un trio. Il n’est toutefois pas question ici d’un « vrai » trio, mais d’une transcription de la Deuxième symphonie peut-être réalisée par Beethoven lui-même. Il ne s’agit pas d’une nouveauté, puisque la partition a déjà été gravée plusieurs fois, notamment par le trio Beaux Arts. Elle se distingue néanmoins par son engagement, sa cohésion d’ensemble et une époustouflante maîtrise des écueils techniques de la partition.

Classique
Beethoven : Triple concerto et Trio pour piano, opus 36 [Symphonie no 2]
Alexander Melnikov, Isabelle Faust, Jean-Guihen Queyras, Pablo Heras-Casado et l’Orchestre baroque de Fribourg
Harmonia Mundi
★★★★½