La fébrilité était palpable mardi soir au MTelus, pour le premier des trois spectacles à guichets fermés que présente Patrick Watson cette semaine. En fait, c’était l’excitation des grands soirs pour le retour de l’enfant chéri des Montréalais, qui a lancé un peu plus tôt cet automne Wave, sixième album empreint d’une poignante beauté.

Le chanteur l’a répété sur toutes les tribunes, il est récemment passé à travers un sale moment, qui a duré quelques années, et Wave est le résultat d’une espèce de résurrection.

En entendant ces chansons sur scène, on sentait encore plus comment elles se situent en fait de l’autre côté de la vague, lorsque la mer est redevenue calme. 

Le chanteur a navigué en eau apaisée, mais toujours avec intensité et intériorité, offrant autant de moments épiques que d’envolées lyriques.

Patrick Watson a choisi d’interpréter l’intégrale de ce nouvel album qui existe depuis à peine deux mois, soit dix chansons, ponctuées ici et là de plus vieilles pièces tirées essentiellement de ses deux précédents disques, comme Grace et Hearts, point d’orgue charmant mais un peu décalé par rapport au nouveau matériel.

Il nous a ainsi entraînés dans les différents univers de ses nouvelles chansons : une ambiance quasi lounge sur Strange Rain, alors que des espèces de triangles miroirs éclairent la scène, plus flamenco sur Melody Noir – première grosse réaction d’une soirée qui en a comporté plusieurs –, déchirante sur Broken, avec une montée dramatique imparable, longuement épique sur Turn out the Lights, qu’il termine en s’éloignant du micro et en faisant chanter le public.

Soudé avec son noyau de musiciens – Joe Grass à la guitare, Mishka Stein à la basse, Evan Tighe à la batterie, Erika Angell et Ariel Engle aux chœurs, Pietro Amato aux claviers et au cor, un bel ajout, et Karine Pion à la guitare et aux percussions –, Patrick Watson passe du piano au micro, et réussit toujours à faire flotter sa voix au-dessus de toute cette musique hyper dense peut-être, mais laissant passer respiration et lumière.

C’est la force de ce groupe, mais quand, après la spectaculaire et puissante Drive, le chanteur s’installe seul au piano pour chanter Here Comes the River, classique instantané qui figure à la toute fin de Wave, on retrouve quand même avec bonheur toute son essence : la finesse de la mélodie, l’instrument lyrique, et la voix qui porte toute l’émotion du monde. On suit alors avec lui le cours de la rivière jusqu’au rappel, qui sera quasi un autre spectacle.

En terrain connu

Patrick Watson offre d’abord un magnifique moment feu de camp, debout autour du micro avec toute sa bande, pour interpréter l’ancienne et joyeuse Big Bird.

Les applaudissements sont nourris : si le public a de toute évidence aimé le suivre dans son voyage, il a aussi envie de se retrouver en terrain un peu plus connu.

Ce sera le cas ensuite avec les dernières chansons : Places You Will Go, la jolie Je te laisserai des mots, et surtout The Great Escape, moment de grâce pendant lequel tout le monde chante en chœur, en communion le temps de quelques minutes.

Patrick Watson nous laissera ensuite avec la très intérieure In Circles, et on passera avec lui un très long dernier moment sur sa mer calme, mais jamais banale ou convenue, et ô combien riche et réconfortante.

« See you on the other side », chante-t-il dans The Wave. Et il fait bon, en effet, de retrouver Patrick Watson de l’autre côté de la vague.

Patrick Watson au MTelus les mercredi 11 et jeudi 12 décembre, 20 h.