Safia Nolin fait paraître ce matin un second album-surprise de reprises. Reprises volume 2 est sa façon de « faire de la pop », genre qu’elle adore consommer mais qu’elle ne compose pas.

« J’écoute beaucoup de pop dans la vie, mais malheureusement, ça ne sort pas dans ma création », explique-t-elle.

Naturellement, Safia Nolin ne touche pas aux arrangements caractéristiques de la pop dans sa musique. Elle a donc pris les titres d’autres artistes, les a mis à sa main et y a ajouté le polissage qu’elle aime entendre dans ses chansons préférées. Chose qu’elle n’avait pas autant explorée avec son premier album de reprises, sorti en 2016.

Le concept de base reste néanmoins le même. « Il faut prendre la chanson qui a 25 couches d’arrangements et les lui enlever », dit l’auteure-compositrice-interprète. La différence entre les deux volumes, c’est qu’elle a, cette fois-ci, ajouté de nouvelles couches par la suite. Elle avait « trop besoin d’essayer ces arrangements ».

Le nouvel album est donc moins « dénudé » que le précédent.

Ça prend beaucoup, beaucoup de travail, lance la chanteuse. Le premier était plus simple, plus naïf. Cette fois, j’y ai mis plus d’intention, j’ai voulu aller près de moi et de la façon dont je me sens, en me respectant.

Safia Nolin

Clore un chapitre

Enregistrer deux disques de huit reprises chacun avant ses 30 ans (avant ses 28 ans, en fait), ça en dit long sur son rapport à la musique des autres. La chanteuse ne craint pas d’explorer ce que des artistes ont fait avant elle pour y trouver l’inspiration. Et pour leur rendre hommage.

Safia Nolin aime avoir un projet après la sortie de ses albums de compositions originales. Cela lui permet de clore un chapitre tout en s’amusant avec la musique qu’elle apprécie.

Il faut dire que c’est aussi comme ça qu’elle a commencé à faire de la musique, en reprenant des chansons. Elle retourne donc, pour ainsi dire, à ses débuts, ses vieilles amours.

Avec Reprises volume 2, c’est à travers les titres de Gabrielle Destroismaisons (Et cetera), Marie Denise Pelletier (Tous les cris, les S.O.S.), Céline Dion (Destin), Laurie (Ta meilleure amie), Les BB (Tu ne sauras jamais), Isabelle Boulay (Je t’oublierai, je t’oublierai), Annie Villeneuve (Un ange qui passe) et Indochine (J’ai demandé à la lune).

Quoi chanter ?

Pourquoi ces artistes et pourquoi ces chansons en particulier ? D’abord, Safia Nolin a pris soin de ne pas choisir de « gros classiques intouchables ». Ça enlève de la pression. Parce que oui, c’est un exercice stressant de reprendre à sa manière des chansons que tout le monde connaît, dit-elle.

« Cette fois, j’ai pris des chansons plus vieilles qu’avec le premier, affirme-t-elle. Pour ne pas reproduire la même affaire. » Elle a aussi voulu éviter de « partir dans toutes les directions », comme avec Reprises volume 1, sur lequel on trouvait notamment du Céline Dion (encore !, Safia en étant une grande admiratrice), du Julie Masse et du Claude Dubois.

Parce que la chanteuse a développé une relation avec la France, elle est également allée puiser dans le répertoire hexagonal, tout en s’assurant que le public québécois s’y retrouve. Avec Indochine, mais aussi avec la chanson Tous les cris, les S.O.S., que le Québec a surtout découverte grâce à Marie Denise Pelletier, mais que la France connaît seulement dans sa version originale signée Daniel Balavoine. 

Illusion de productivité 

Avec un album (Noir) paru l’automne dernier, un vidéoclip remarqué pour la chanson Lesbian Break-up Song, un simple (Claire) dévoilé en juin, une tournée déjà bien entamée qui se poursuit et ce nouvel album de reprises, Safia Nolin semble au summum de sa productivité. « Non, je ne suis vraiment pas productive, en fait », nous dit-elle en riant. 

Les dates de sortie de ses projets donnent cette impression de grand rendement. Mais « ça fait un an et demi que je n’ai rien composé », affirme-t-elle. Les enregistrements et tournages du matériel des derniers mois se sont faits il y a un moment déjà. Même l’album de reprises qu’elle dévoile aujourd’hui est enregistré depuis le mois de mai.

À l’heure actuelle, Safia Nolin pense à partir dans les bois, pour s’éloigner et créer. Il lui faut simplement trouver le bon moment.