Dans les mariages, les succès de Michael Jackson sont toujours efficaces pour attirer les convives sur la piste de danse, selon le DJ montréalais Stefan Jez.

Chaque fois que les soirées deviennent plus calmes, ou que trop de gens s'éloignent pour prendre un verre, le propriétaire de l'entreprise divertissement de mariage Uptown Xpress se rabat sur les classiques du chanteur pour faire bouger les invités.

« Tout le monde connaît les paroles, a-t-il indiqué. C'est l'un de ces artistes qu'on peut utiliser pour ranimer la foule et c'est parce que la plupart de ses succès sont presque intemporels. »

Les grands-parents, les adolescents et même les plus jeunes enfants connaissent les chansons, et M. Jez avoue qu'il a une préférée : Don't Stop'Til You Get Enough. Cette chanson est dans sa liste depuis des années et il prévoit continuer de la faire jouer.

Cependant, de nouvelles allégations d'agression sexuelle contre le défunt chanteur amènent les DJs à réfléchir sur sa place dans leurs listes de lecture. Dans le documentaire de HBO, Leaving Neverland, deux hommes accusent Michael Jackson de les avoir agressés sexuellement lorsqu'ils étaient enfants.

Une DJ de Hollywood, Michelle Pesce, a abordé la question dans le magazine Variety. Elle a pris la décision de retirer les chansons de Michael Jackson de ses soirées dans les boîtes de nuit après y avoir réfléchi plusieurs années.

« J'ai choisi de croire [...] qu'on ne peut séparer l'art de l'artiste quand il est question d'utiliser sa plateforme publique », a-t-elle écrit.

« Personnellement, je ne veux pas que mon irresponsabilité dans le choix de la chanson soit la cause de quelque chose qui provoque beaucoup de mal à quelqu'un qui a été agressé sexuellement ou abusé mentalement de la même manière. »

Des membres de la famille de Michael Jackson ont dénoncé le documentaire, affirmant qu'ils n'avaient pas eu la possibilité de défendre le chanteur. La succession de l'artiste a également intenté une poursuite contre HBO.

Depuis la diffusion du documentaire, plusieurs autres ont eu à réfléchir sur la place de l'artiste. Trois stations de radio montréalaises ont choisi de cesser la diffusion de sa musique, et le magasin de musique de Toronto Tiny Record Shop a annoncé que ses albums ne seraient plus vendus.

Un sujet qui a été moins abordé, c'est comment Michael Jackson sera accueilli dans d'autres espaces publics, tels que des écoles de danse, les bars de karaoké et dans les bar et bat mitzvahs.

À l'affût des réactions

Le DJ torontois Sum Wong, reconnaît comme son collègue montréalais que Michael Jackson est généralement populaire dans les soirées. Mais il a aussi vu une foule se tourner contre son choix de musique.

C'est à peu près à l'époque du procès du chanteur, en 2004, lorsque M. Wong avait fait jouer Wanna Be Startin'Somethin' lors d'un mariage. Il avait alors vu beaucoup de femmes évacuer la piste de danse.

« Cela m'a surpris, et ensuite quelqu'un m'a dit : "Vous ne savez pas ce qui se passe ? " », a-t-il relaté.

« J'imagine qu'en tant que parents, ils étaient très offensés. »

M. Wong dit que cela lui a appris une leçon sur la façon dont les fêtards réagissent à certains artistes. Il l'a vu plus souvent ces dernières années alors que le mouvement #metoo se répercute sur les artistes choisis par les DJs.

« Quand les gens n'aiment pas quelque chose, ils viennent vous voir et disent : "Vous m'avez offensé en jouant cette chanson" », a-t-il indiqué.

Des réactions similaires ont récemment convaincu le DJ de retirer la musique de R. Kelly de ses listes, alors que le chanteur fait face à une nouvelle série d'accusations d'agressions sexuelles. Mais selon lui, les accusations portées contre Michael Jackson - décédé en 2009 - ne peuvent être comparées à celles de R. Kelly, car le défunt chanteur n'est pas en mesure de se défendre.

Sum Wong continuera de jouer certains classiques de Michael Jackson quand il sentira que le moment est bien choisi. Selon lui, le vrai test sera en octobre, lorsque les DJs voudront probablement diffuser la célèbre Thriller.

« C'est l'une des plus grandes chansons d'Halloween », dit-il.

Alors que la saison des mariages s'en vient, Stefan Jez affirme qu'il sera à l'affût des sentiments de ses clients. S'ils lui demandent de ne pas jouer ses chansons, il va suivre leurs directives. Mais sinon, il prévoit les garder dans sa liste.

« Une chanson est une chanson. Si vous vous sentez bien et que vous aimez la musique, considérez-la comme un morceau de musique d'artiste [...] nous savons que son côté positif est l'art qu'il a créé - il n'y a aucun doute là-dessus », a-t-il conclu.