Pour les jeunes créateurs montréalais Ève Duhamel et Julien Vallée, sky is the limit! Après avoir créé avec Sid Lee une vidéo pour Air Transat, le studio Vallée Duhamel a réalisé la nouvelle campagne publicitaire de Korean Air. Intitulée Go Korean, la vidéo de 60 secondes affiche l'univers du duo montréalais, qui privilégie le look artisanal aux images artificielles, avec une touche résolument pop et surréaliste.

Mais comment deux Québécois de 35 ans ont-ils pu être retenus par une entreprise coréenne pour lancer une campagne mondiale (la pub est déjà diffusée en Chine et aux États-Unis)? Vallée Duhamel a participé à un concours de l'agence Ogilvy Shanghai et a été retenu parmi cinq autres studios. «Korean Air cherchait à rafraîchir son image de marque en s'inspirant de la K-pop dans la culture et la musique populaire, explique Julien Vallée à La Presse. Notre mandat était donc d'insuffler une direction artistique audacieuse et ludique, tant dans le choix des éléments graphiques que la narration ou la palette de couleurs.»

Carte blanche

La vidéo intègre une chorégraphie K-pop, mais aussi de l'animation dans la pure tradition asiatique. Go Korean nous fait vivre une expérience et plonger dans la culture coréenne actuelle. 

«À notre grande surprise, le client nous a donné carte blanche et nous a fait totalement confiance», ajoute le réalisateur, qui, avec sa partenaire, est demeuré en Asie durant deux mois. Ils ont d'ailleurs été très impressionnés par la vitalité du phénomène K-pop.

La préproduction du projet s'est étalée sur trois mois au Québec et en Corée du Sud. Le tournage a duré six jours avec une équipe de plus de 150 personnes dans un studio de Bangkok. Le budget est digne de celui d'un long métrage québécois: près de 3 millions de dollars canadiens. Pour une vidéo d'une petite minute, c'est de l'argent par seconde!

De Berlin à Séoul

Ève Duhamel vient du milieu des arts visuels et son complice, du design graphique à l'Université du Québec à Montréal (du temps où Frédéric Metz dirigeait le département). Ils ont fondé leur studio après un séjour à Berlin au milieu des années 2000. Après avoir réalisé des clips de musique (entre autres pour Coeur de pirate et Ariane Moffatt), la boîte, et sa dizaine d'employés à l'époque, a accepté des projets commerciaux pour des clients de prestige, comme le New York Times, Hermès, Lacoste, Apple et Samsung.

«On veut se réinventer à chaque projet, tout en gardant notre signature et notre liberté artistique, explique le duo. Ce qui est bien avec la publicité, c'est qu'on a les moyens de réaliser nos idées créatives les plus ambitieuses, d'insuffler de la magie à l'écran.»

Aujourd'hui, le studio Vallée Duhamel se résume à ses deux fondateurs. «On ne veut pas avoir d'employés, parce qu'on veut se consacrer à la création et non à la gestion, dit Julien Vallée. D'ailleurs, chaque année, on se garde un mois sans contrats pour réaliser nos projets artistiques personnels.»

Malgré le succès et les prix, Julien Vallée et Ève Duhamel souhaitent conserver un côté amusant et ludique, voire enfantin, à leurs projets, peu importe le client ou le budget. «Les gens sollicitent nos services pour ces raisons. Notre but, c'est de les faire sortir de leur cadre rigide», concluent les deux complices.