Un contrat aux États-Unis, des premières parties pour le groupe anglais Superorganism et une nouvelle série de quatre chansons. Mais surtout, une voix douce, émouvante et évocatrice. Son nom: Helena Deland.

Par un vendredi après-midi ensoleillé, Helena Deland nous accueille avec du thé dans son espace de répétition lumineux du Mile End, qu'elle partage avec le pianiste Jean-Michel Blais.

Le lendemain, elle doit entamer une série de spectacles au Québec en première partie des Barr Brothers. « J'ai hâte et je suis contente de me produire dans des salles de qualité », dit-elle. 

Helena Deland n'a pas une voix parmi tant d'autres. Il suffit d'écouter quelques secondes de ses chansons pour succomber à son charme.

En personne, la jeune femme est à l'image de sa voix : elle est apaisante, franche et elle dégage une force tranquille.

Vendredi dernier, l'auteure-compositrice-interprète a dévoilé une « série » de quatre chansons intitulée Altogether Unaccompanied, qui fait suite au magnifique EP Drawing Room, sorti en 2016. « Les chansons sont différentes les unes des autres, donc je ne veux pas parler d'un EP. »

La chanteuse respecte les règles de son époque : elle doit être patiente et se faire connaître avant de dévoiler tout son jeu.

« Je voudrais que mon premier album soit plus cohérent et conceptuel... Je veux éviter que ce soit un coup d'épée dans l'eau. »

Or, les astres s'alignent pour Helena Deland. Elle se produira sous peu au festival South by Southwest, à Austin, et elle partira ensuite en tournée américaine en première partie du groupe anglais qui crée le buzz, Superorganism. Elle a aussi décroché un contrat avec le nouveau label américain Luminelle Recordings, créé par le fondateur de l'influent blogue Gorilla vs. Bear.

Entourée de mots

Fille d'un père francophone - « un pianiste non avoué », dit-elle - et d'une mère irlandaise, Helena Deland a grandi à Québec. Elle y a fréquenté d'autres musiciens talentueux comme elle, dont Gabrielle Shonk et les membres de Men I Trust.

Elle a mis du temps à s'avouer qu'elle avait une prédisposition à écrire des chansons.

Or, elle a toujours été attirée par les mots et elle a étudié en littérature à l'UQAM. Écrire est une sorte d'hygiène de vie pour elle.

« Je suis très journal intime... J'écris tout le temps. C'est un muscle. »

« Par manque de pragmatisme », dit-elle. Helena Deland a chanté comme choriste sans trop d'ambition, mais une maquette s'est rendue aux oreilles du chanteur et réalisateur Jesse Mac Cormack.

« J'étais impressionné par ce qu'il faisait et il m'a suggéré de travailler avec lui. »

Jesse Mac Cormack a réalisé le premier EP d'Helena Deland et les quatre chansons sorties hier.

Or, le réalisateur a une façon bien à lui de travailler. Son apport musical est à prendre ou à laisser. « Ce n'est pas toujours facile, mais c'est un choix que je ne regrette pas du tout. »

Drawing Room a ouvert beaucoup de portes à Helena Deland. Elle a grossi les rangs d'une agence de tournée, Heavy Trip, ainsi que du label Chivi Chivi. Elle a donné des spectacles aux États-Unis, en Europe et en Irlande, la terre natale de sa mère. « J'aime beaucoup voyager seule », souligne-t-elle.

Plusieurs directions musicales

L'EP Drawing Room était « folk pastel », dit Helena Deland. Les quatre chansons sorties hier ajoutent des couleurs plus vives à sa personnalité musicale. Take It All a « un son plus nocturne et plus lourd », estime-t-elle.

Body Langage décrit « une relation où l'on s'acharne, mais qui ne marche pas ». Perfect Weather is Crime a un entrain rock à la Angel Olsen.

Le texte de There Are A Thousand traite de l'identité au début de l'âge adulte. « C'est à propos de notre génération, dont on dit qu'elle est snowflake, à savoir que nous sommes tous pareils. C'est comme une crise d'ado retardée... qu'est-ce que j'ai de différent des autres ? »

Il faut la rassurer : Helena Deland n'est pas une chanteuse comme les autres. Son talent ressort vivement du lot.