Les ventes mondiales de musique ont connu une croissance record en 2016, toujours tirées par la musique en flux (streaming), a annoncé mardi la Fédération internationale de l'industrie phonographique (Ifpi), prévenant que l'embellie est encore précaire.

Le bond de 5,9% enregistré l'an passé par rapport à 2015, pour atteindre 15,7 milliards de dollars de chiffre d'affaires, est le plus important jamais vu depuis que l'Ifpi a commencé à publier des chiffres pour le marché mondial de la musique, en 1997.

Le rythme est sensiblement supérieur à celui constaté en 2015 (+3,2%), qui constituait déjà une accélération inédite depuis 1998.

La dynamique est directement liée aux ventes de musique en flux, qui ont connu une hausse de 60,4% sur la seule année 2016.

La croissance de ce segment, devenu dominant, du marché ne cesse de s'affirmer, après avoir atteint 47,3% en 2015 et 36,2% en 2014.

Pour la première fois, la musique dématérialisée (musique en ligne et téléchargements) pèse 50% des ventes mondiales. Au sein de cet ensemble, la musique en flux représente 59% du total.

Les ventes de musique sous forme physique ont connu un nouveau repli, de 7,6%. En quinze ans, elles ont reculé de 77%.

«Rappelez-vous que nous ne sommes que sur deux années de rétablissement après quinze ans de baisse», a prévenu, lors d'une conférence téléphonique, mardi, Stu Bergen, directeur général responsable des services commerciaux au sein de la maison de disque Warner Music Group.

Malgré ces deux années de progression marquée, le chiffre d'affaires mondial du secteur reste inférieur d'un tiers à ce qu'il était en 2001.

«Nous devons rester à l'affût, avoir des ressources et être ambitieux», a-t-il ajouté.

«Nous ne sommes plus en train de remonter un escalier roulant qui descend, mais cela ne veut pas dire que nous pouvons nous détendre», a-t-il martelé.

YouTube montré du doigt

Comme l'an passé, l'Ifpi a souligné la disparité entre les modèles économiques des plateformes de musique en ligne par abonnement et celles des sites de vidéos partagées, en premier lieu YouTube, filiale du géant d'internet Google.

En 2016, les services de musique par abonnement ont généré 3,9 milliards de dollars de revenus pour l'industrie musicale, pour 212 millions d'utilisateurs, tandis que les plateformes de vidéo ont, elles, rapporté seulement 553 millions de dollars, bien que leur trafic atteigne 900 millions d'internautes.

L'Ifpi estime qu'en 2015, la plateforme de musique en flux Spotify a reversé, en moyenne, 20 dollars par utilisateur au secteur de la musique, quand YouTube se contentait de moins d'un dollar.

L'écart de valorisation du même produit, la musique, entre ces deux supports, «est la principale menace à la viabilité de l'industrie musicale à l'avenir», estime la fédération dans son rapport.

Comme elle le fait depuis plusieurs années maintenant, l'Ifpi réclame l'intervention du législateur pour s'assurer que les textes «sont bien appliqués, pour que des services ne puissent plus dire qu'ils n'ont pas besoin d'accord de distribution» pour mettre de la musique en ligne.

Dans le détail, les quatre grandes régions répertoriées par la fédération ont terminé l'année 2016 en hausse, toujours emmenées par l'Amérique latine qui, avec ses 12% de croissance, arrive en tête pour la septième année consécutive.

À l'autre bout du spectre, l'Europe affiche l'augmentation la plus mesurée (+4%), une particularité en partie due, selon l'Ifpi, à l'adoption plus progressive de la musique en flux que dans d'autres régions du monde.

Le secteur a aussi les yeux tournés vers la Chine, qui a connu une hausse de 20,3% l'an dernier, notamment grâce à la conclusion d'accords de licence entre de grands acteurs locaux de la musique en ligne et plusieurs maisons de disque.

Pour autant, malgré quasiment 1,4 milliard d'habitants, la Chine n'est que le 12e marché pour l'industrie musicale.