Après s'être arrêtée au Centre Vidéotron de Québec lundi soir, la tournée de Muse pour son album Drones entamait hier la première de ses deux prestations au Centre Bell en deux soirs. Nous avons déjà publié la critique du superbe spectacle de deux heures qui révolutionne la technologie 3D. En voici cinq faits saillants, notamment du point de vue de la boîte Moment Factory, qui a contribué au volet visuel - notamment interactif - de la moitié des chansons.

«Le défi était la quantité de technologie innovante qu'il y avait dans le spectacle, indique Dominic Audet, cofondateur et chef de l'innovation chez Moment Factory. Muse ne s'est jamais autant dépassé dans la qualité des vidéos et l'histoire qui y est racontée.»

Vous avez dit spectaculaire?

Des drones

Le spectacle de Muse s'est ouvert avec la thématique du nouvel album du trio britannique intitulé Drones. Neuf immenses drones, pour ne pas dire des satellites, parcouraient les airs du Centre Bell avant que le groupe n'interprète Psycho. C'est connu, Muse aime les thématiques de la surveillance et du totalitarisme, voire de l'apocalypse.

Dès lors, le spectacle s'annonçait résolument rock, avec une texture sonore dense et riche impressionnante pour un trio (accompagné en tournée d'un discret claviériste).

Le travail de Moment Factory s'est manifesté en scène à la deuxième chanson aux airs glam, Dead Inside. Sur les écrans a surgi un robot ou un mannequin androgyne qui est réapparu tout au long du spectacle avec des projections graphiques en noir et blanc et de beaux effets d'ombres et de lumières.

Mais c'est au troisième titre, Hysteria, que le public s'est réveillé, surtout quand Bellamy a pimenté la finale avec les accords de Back in Black d'AC/DC. «Merci beaucoup», a-t-il lancé à la foule par la suite. Soulignons que Hysteria est paru sur le troisième album de Muse, Absolution, sorti en 2003. À cette (autre) époque, beaucoup comparaient Muse à Radiohead.

Une scénographie à 360 degrés

Défi risqué pour un petit groupe de trois musiciens, mais relevé haut la main: une mise en scène à 360 degrés avec une plateforme centrale circulaire de laquelle émergent de chaque côté deux passerelles dominées par des voiles transparents qui projettent du visuel. La scénographie, signée Oli Metcalfe, est très sophistiquée sans être trop lourde. Loin d'amenuiser la force de frappe musicale de Muse - au contraire, elle la met plutôt en valeur - , elle permet aux membres du groupe de se rapprocher du public pendant des moments clés.

Mais voilà un bien grand terrain de jeu pour deux personnes seules, Matthew Bellamy et le bassiste Chris Wolstneholme (Dominic Howard ne peut quitter son poste à la batterie). Les musiciens se sont baladés d'un côté et de l'autre du Centre Bell tout au long du spectacle.

Bellamy n'a pas chômé: fidèle à son habitude, il a chanté avec intensité (souvent sur le ton de la complainte) et il a multiplié les solos de guitare.

«Il donne des performances très physiques. Il court partout et il aime raconter des histoires avec ses chansons, pas juste créer des effets wow. Cela donne de l'impact à nos créations», explique Bruno Ribeiro, réalisateur multimédia chez Moment Factory.

Deux marionnettes, une navette

Sur la pièce The Handler, Moment Factory a proposé à Muse un concept de marionnettes avec du contenu 3D activé en temps réel selon les mouvements des musiciens. Le résultat est saisissant. Matthew Bellamy et Chris Wolstneholme semblaient agir au gré d'une main et de ficelles virtuelles. Il s'agissait de la main du personnage androgyne récurrent. Ses yeux maléfiques ne faisaient que souligner le caractère impétueux de la scène. Hier soir, l'effet a électrisé les 15 970 spectateurs du Centre Bell, qui ont manifesté leur enthousiasme avec des applaudissements admiratifs. «Matthew Bellamy est très impliqué dans la conception de son show», souligne le réalisateur multimédia Bruno Ribeiro.

En fin de parcours, Muse a étiré The Globalist pendant 13 minutes: une douce introduction à l'évocation cinématographique, projections à thématique humaniste avec l'héroïne androgyne, puis boum! une navette a pris son envol pour faire le tour du Centre Bell.

Judicieux choix de chansons

Muse a habilement construit son spectacle avec un enchaînement judicieux de ses chansons phares et de six titres de son nouvel album Drones. Après avoir titillé la foule avec les accords de Voodoo Child de Jimi Hendrix, Matthew Bellamy a enchaîné avec le tube aguichant qui figure dans le premier Twilight, Supermassive Black Hole, suivi de Starlight, tirée de l'album Black Holes and Revelations. Les drones alors réactivés se sont éteints pour que Bellamy attaque au piano Apocalypse Please, autre succès de Muse des premières heures.

A suivi la ballade Madness, les airs sombres et sexy d'Undisclosed Desires et la guitare tonitruante de Reapers, précédé d'un extrait de discours de John F. Kennedy. La foule? Elle jubilait. Il est impressionnant de voir le public massif et hétérogène que Muse a su attirer sans être un groupe aussi star que Coldplay et U2. Peu de formations peuvent remplir deux fois le Centre Bell et deux fois le Centre Vidéotron (ce qui représente quelque 60 000 personnes) en une semaine.

La grande finale avec Knights of Cydonia

Alors que le Centre Bell se remettait d'une pluie de confettis, Muse s'est une fois de plus amusé en empruntant un air connu pour la finale. Cette fois-ci, le célèbre Man With a Harmonica d'Ennio Morricone, qui a cédé la place à la mélodie galopante de Knights of Cydonia. Formant un triangle, Matthew Bellamy, Christopher Wolstenholme, Dominic Howard ont enflammé le Centre Bell. Les paroles du refrain ont défilé sur les écrans géants centraux. «You and I must fight to survive

Oui, le public du Centre Bell aurait tout fait pour survivre avec Muse hier soir.

Le trio britannique remet cela jeudi soir. Il restait toujours quelques billets aux dernières nouvelles.

PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE

Muse offrait hier la première de ses deux prestations au Centre Bell en deux soirs.