Le succès d'estime du dernier album de Tame Impala, Lonerism, explique pourquoi le groupe australien remplit des salles d'envergure lors de sa présente tournée. Lundi soir, plus de 2000 amateurs de musique étaient réunis au Métropolis pour une messe de rock psychédélique moderne. Et foi du «prêtre chanteur» Kevin Parker, ses fidèles montréalais étaient particulièrement en admiration.

Le contexte d'écoute était de loin supérieur à la prestation de Tame Impala au dernier festival Osheaga, donnée sous un soleil suffocant de fin d'après-midi.

Le public était averti: Kevin Parker et ses musiciens sont des «trippeux» de musique dont l'expression est surtout intérieure et contemplative. Même si leurs pièces denses et intenses, à la fois progressives et ensoleillées, évoquent celles d'un groupe comme The Flaming Lips, qui lui, en met plein la vue en spectacle.

Sauf des projections rétro-futuristes à l'image de sa musique et des élans capillaires des cheveux longs de ses membres, Tame Impala veut surtout stimuler le sens de l'ouïe des spectateurs. À ce chapitre, c'est réussi haut la main.

Par rapport aux enregistrements studio, la transposition scénique des chansons de la formation australienne ne perd pas de sa richesse. Le public se fait gaver de guitares fuzzy, de coups de batterie haletants et de claviers qui traversent les époques, tout en s'envolant avec de jouissives lignes mélodiques.

Vous avez dit «tripatif»? Une pipe enfumée circulait même devait nous sur le parterre du Métropolis.Tame Impala donne envie de s'évader loin et complètement ailleurs, et de ne pas revenir à la réalité.

Parmi les moments forts de la soirée: le doux parfum pop-sixties de la chanson Apocalypse Dreams, l'introduction à la Black Sabbath/Led Zep d'Elephant, et le refrain hypnotisant de Why Won't You Make Up Your Mind?, tiré du premier album de Tame Impala, Innerspeaker.

Kevin Parker et ses musiciens dégagent une timiditié statique shoegaze sur scène, sauf que leur interprétation brûle d'intensité, alors que leur bonheur d'être sur scène est manifeste. S'adressant surtout à la foule en français, Parker semblait stupéfait face à l'enthousiasme bruyant de la foule réchauffant le Métropolis. «Vous êtes forts!» a-t-il lancé en se grattant la tête, voulant sans doute traduire l'expression You Are Loud.

Des joints en plein Métropolis et du body-surfing, deux habitudes devenues malheureusement trop rarissimes pendant un spectacle en salle. Merci Tame Impala. Quoique seule votre musique suffit. Nul besoin de substances hallucinogènes ou de puissants stimulants visuels pour s'évader loin de la réalité.