Vendredi soir, dans le centre-ville désert de Beauharnois. Plusieurs rappeurs du label Silence d'or se produisent dans le cadre d'une tournée qui doit culminer par un spectacle au Club Soda.

Les rappeurs Dirty Taz et Karma Atchykah arrivent tôt au bar Uppercut, en compagnie du «père de la famille», Carlos Munoz, qui est aussi derrière le populaire site web HHQc.

Les trois gars se connaissent depuis leurs études au renommé collège Brébeuf de Montréal. Nous sommes loin du cliché des rappeurs nés dans le ghetto.

«Les gens ont l'impression que si tu es un rappeur, tu es un criminel qui n'est pas capable de s'exprimer», dit Dirty Taz, qui a étudié à l'École nationale de l'humour et dont la voix a longtemps servi aux indicatifs publicitaires de CKOI. Comédien de métier, il est aussi un excellent animateur de foule, a-t-on pu constater ce soir-là.

L'automne dernier, Dirty Taz a lancé son troisième album, Musique d'ascenseur. «C'est un disque très énergique, je brasse beaucoup d'air», souligne-t-il.

Karma Atchykah, de son côté, a cofondé Silence d'or avec Munoz en 2006. Les deux complices sont colocataires. Karma se souvient encore du jour où il a obtenu sa première bourse de Musicaction pour son album Diasporama, sorti en 2009. «Je sautais tout partout!»

D'autres rappeurs de Silence d'or débarquent au bar Uppercut plus tard en soirée: Farfadet, Rymz et Oli-T de Mauvais acte. Farfadet vit du hip-hop. Il a un studio-boutique de vêtements à Saint-Hyacinthe (La voix rauque) et il vend des beats. «Notre clip Décollé a été dans le top 5 à MusiquePlus», précise-t-il.

Rymz, lui, a grandi près de Beloeil. Il a commencé à faire des «free-styles» dans les maisons de jeunes. À l'époque, le rap lui a permis de se défouler et de calmer son «côté révolté». «J'ai toujours été bon en français. C'est ce qui m'a permis de finir mon secondaire», avoue-t-il.

Aujourd'hui, Rymz est éducateur spécialisé à Pierrefonds. Il s'occupe des «petits pockés de la DPJ». Même s'il s'est assagi, le jeune homme se sert toujours de ses chansons «pour faire sortir son mauvais côté». «Le rap est une musique qui expose le bien et le mal sans juger», dit-il.

Grâce à YouTube et Facebook, Rymz a déjà vendu 1200 «disques maison» dans la rue. Et quand il se produit dans un bar de Beauharnois, des fans demandent à être photographiés avec lui; d'autres lui refilent leurs CD. «Il n'y a pas beaucoup de gens dans la salle ce soir, mais j'ai rencontré cinq ou six gars qui tripent sur moi ben raide.»

Pendant la soirée, les jeunes spectateurs présents dansent le poing en l'air. Parmi eux, il y a le promoteur du spectacle François Meunier, un éducateur de 28 ans. «Le hip-hop, c'est ma passion et je veux aider la scène comme je peux», explique-t-il.

Produire des spectacles comporte-t-il des risques? «Pas un risque financier, mais de crédibilité», répond-il.

L'honneur, voilà ce qui compte plus que tout dans le monde du hip-hop.

Extrait de la chanson Hushlagg Swagg de Dirty Taz

Sick comme un abus d'Goldschlager

Lague le rap, ton spit, c'comme un cold shower

C'est du Hushlagg Swagg