Lauréat de sept prix au Festival en chanson de Petite-Vallée l'été dernier, le comédien Émile Proulx-Cloutier s'apprête à enregistrer un premier EP et à présenter son spectacle. Il réserve son tout premier tour de chant à la Fondation du Conservatoire d'art dramatique de Montréal. En entrevue avec La Presse, il explique sa démarche.

En ce printemps de carrés rouges, Émile Proulx-Cloutier désire humblement donner un coup de main aux étudiants.

C'est pourquoi il a réservé à la Fondation du Conservatoire d'art dramatique de Montréal son tout premier tour de chant à vie. Présenté samedi, à 16h, au Théâtre Rouge du Conservatoire, l'événement sera suivi par l'enregistrement d'un EP, de quelques spectacles dans l'est du Québec cet été et d'une tournée d'une vingtaine de petites salles l'hiver prochain.

«Le conservatoire, c'est mon école, lance le comédien, les yeux brillants. Je suis fier et heureux de ce que j'y ai appris. Faire ce spectacle me permet de donner un coup de main à ceux qui passent après moi. La Fondation octroie des bourses aux étudiants moins fortunés et finance des projets pédagogiques comme des classes de maîtres.»

À 29 ans, Émile Proulx-Cloutier compte une vingtaine d'années de piano. «J'ai suivi peu de cours, mais j'ai toujours improvisé et composé.» En parallèle, il a toujours écrit des poèmes. Mais durant des années, il n'avait jamais pensé amalgamer ces deux intérêts. Puis, il y a eu un déclic. Et Petite-Vallée. Sans pour autant délaisser sa carrière d'acteur et ses projets de réalisation au cinéma, Proulx-Cloutier a un désir très marqué de monter sur scène.

«Lorsque tu joues au théâtre, tu défends un texte et une mise en scène qui ne sont pas les tiens. Là, avec mes propres compositions, c'est un tout autre rapport, dit-il. En musique, il y a une mise à nu qui est beaucoup plus directe. Je me sens dans un état de profond bonheur et de vulnérabilité.»

Lorsque la question du genre musical arrive dans la conversation, Émile Proulx-Cloutier est bien embêté de le définir. Il s'arrête, réfléchit, balbutie quelques mots avant de les balayer. Pour enfin lancer: «Le piano est au coeur de ce que je fais. Il peut être tantôt très percussif, tantôt très doux. Selon l'histoire que je raconte. Car la locomotive, ce sont les mots.»

S'il a de la difficulté à accoler un style à sa musique, l'auteur-compositeur-interprète n'en éprouve aucune à décrire le contenu de ses pièces. «Ce sont de petits contes, comme des films et des histoires, dit-il. Parfois, ce sont des personnages que je ne pourrais pas être moi-même, comme une vieille dame ou un paysan âgé. Parfois, ce sont davantage des plongeons intérieurs. Je fais des coups de sonde dans différents univers.»

Labour intérieur

Jusqu'à tout récemment, le père d'Émile Proulx-Cloutier, le comédien Raymond Cloutier, dirigeait le Conservatoire d'art dramatique de Montréal. Or, le nom du paternel arrive dans la conversation à titre de mentor dans la musique de fiston. Émile Proulx-Cloutier raconte avec affection l'importance qu'a eue son père dans l'écriture de ses chansons.

«Lorsque j'étais plus jeune et que j'avais toutes sortes de démons intérieurs, il m'a donné un des meilleurs conseils que j'ai pu avoir, raconte le chanteur et comédien. Il m'a dit que je devais mettre en musique ce qui se passe dans ma tête, de le sublimer et d'en faire quelque chose. Mon père m'a appris à créer pour les bonnes raisons.»

Avant que les pièces prennent vie, avant de vouloir plaire et de goûter à un certain succès, il y a donc en amont tout un travail de création qui nécessite du temps. «Créer des chansons passe par un labour intérieur qui exige sueur et passion», explique joliment Émile Proulx-Cloutier.

Avec ses potes Philippe Brault (basse, contrebasse) et Christian Turcotte (guitares), il lui reste à partir à la conquête du public pour en partager les fruits.

Après le spectacle-bénéfice (100$ le billet) de samedi, Émile Proulx-Cloutuer sera en spectacle avec Karim Ouellet le 27 avril à la Maison de la culture Maisonneuve.