Le 10e album solo de feu Michael Jackson est surtout le premier d'une longue série d'albums posthumes - il y en aura 10 en tout, à lancer d'ici 2017 selon l'entente paraphée entre la succession du chanteur et Sony Music et dont la valeur a été estimée à 250 millions US. Si le reste de ces enregistrements inédits est à l'image de l'album Frankenstein qui paraîtra mardi, pas sûr que la multinationale en ait vraiment pour son argent...

Hold My Hand (avec Akon)

Production: Akon, Giorgio Tuinfort

Il ne s'agit pas d'une chanson de Michael Jackson. Il s'agit plutôt d'une chanson de Akon sur laquelle figure la voix de Michael Jackson. Une bonne chanson, au demeurant, avec un refrain hyper-accrocheur et une finale grandiloquente. L'une des meilleures de cet album. Mais choisir d'ouvrir le disque posthume avec elle, la privilégier comme premier single officiel, envoie un signal on ne peut plus clair: le défunt Roi de la pop n'a pas grand-chose à voir avec ce qui suit...

Hollywood Tonight

Production: Teddy Riley, Neff-U, Michael Jackson

La ligne de basse qui occupe toute la place donne à croire qu'on voulait reproduire Billie Jean - elle ressemble plutôt à celle de Je combats le spleen de Stefie Shock, et ce n'est pas un reproche, tant s'en faut. La rythmique r&b est pugnace, mais la voix de Jackson est méconnaissable, étouffée dans le mix, on imagine que le matériel enregistré avant son décès n'était encore qu'à l'étape d'ébauche de travail.

Keep Your Head Up

Production: Christopher «Tricky» Stewart

Une des plus belles prises de voix de l'album... mais quelle chanson banale! Tous les clichés du r&b/pop y sont: le piano, la petite guitare qui égraine les arpèges, le carillon et les violons synthétiques... Tricky Stewart a le mérite d'avoir donné beaucoup de lustre à la voix de MJ, mais ça n'en fait pas une bonne chanson pour autant. C'est la première des trois chansons (avec Monster et Breaking News) coécrite avec l'obscur Eddie Cascio, réalisateur du New Jersey, et un certain James Porte en prévision du successeur d'Invincible.

(I Like) The Way You Love Me

Production: Neff-U

La chanson débute avec un message laissé par Jackson sur le répondeur du producteur Ron «Neff-U» Feemstar (Nelly, Mary J.Blige), sur lequel le défunt lui chante ses idées. Le rythme embarque... et la vision prend forme. Bellement, dans le genre ballade r&b/pop classique, au son du Jackson des premiers albums solo. Le son de la voix est clair et franc: probablement un des rares démos qui valaient la peine d'être réchappés.

Monster (avec 50 Cent)

Production: Teddy Riley, Angelikson, Michael Jackson

50 Cent lui-même a déclaré que Monster serait la nouvelle Thriller. Soit, elle commence de manière lugubre (un cri de film d'horreur), la rythmique a du muscle, mais la composition est loin d'être à la hauteur de la légende. La production, pilotée par Riley, est désuète et rappelle le r&b-dance des années 90. 50 Cent offre une bonne performance sur son couplet.

Best of Joy

Production: Neff-U, Michael Jackson

On essaie de ne pas trop se formaliser du son étrange de la voix de MJ (trop trafiquée à l'ordinateur pour être vraie?), pour se concentrer sur la chanson. Une autre ballade, une autre qui débute avec de petites notes de guitare acoustique. Rythmique allègre, chanson doucement ensoleillée, elle s'écoute assez bien.

Breaking News

Production: Teddy Riley, Angelikson, Michael Jackson

La première chanson originale de cet album que les fans ont pu entendre... et qui a déclenché la controverse autour de l'authenticité de la voix de Jackson. Si seulement la chanson était bonne, cette controverse aurait été vite éteinte, mais voilà. Ça a tous les ingrédients d'un hit de «MJ» - le rythme funky saccadé, les arrangements parcimonieux - mais la chanson tombe à plat.

(I Can't Make It) Another Day (avec Lenny Kravitz)

Production: Lenny Kravitz

Après l'enfilade de r&b-dance et de ballades, entendre ce morceau presque rock piloté par Lenny Kravitz arrive comme une bouffée d'air frais. Jackson s'époumone comme au beau temps de Dirty Diana, Kravitz fait le contrepoint sur le refrain, utilisant une rythmique aux sonorités vaguement industrielle et un solo de guitare bien senti pour donner du relief à l'exercice. Pas mal du tout!

Behind the Mask

Production: Michael Jackson, John McClain

Les fans connaissaient déjà l'existence de cet enregistrement d'une chanson (instrumentale, à l'origine) du Yellow Magic Orchestra de Sakamoto: «découverte» par Quincy Jones, enregistrée durant les sessions Thriller, elle n'a jamais pu être commercialisée pour un tas de raisons légales. La voici donc, «version 2010» réarrangée, mais la piste vocale est vraisemblablement celle d'il y a 25 ans, enfin dévoilée. La plus «MJ» des chansons, avec plein de petits «wooo!» et «yee-ha!» caractéristiques.

Much Too Soon

Production: Michael Jackson, John McClain

La finale sur une note tristounette, une ballade sans rythmique, seulement la guitare, les violons, les choeurs, un accord de synthé pour habiller le fond sonore. Jolie petite chanson apparemment composée à l'époque des sessions de Thriller; l'enregistrement serait beaucoup plus récent, mais d'entendre ainsi Jackson l'interprète, touchant et empathique, conclut l'album sur une belle note.