Est-ce qu'il y a des liens à faire entre les nombreuses histoires de plagiat qui ont fait la manchette dans les médias nord-américains au cours des derniers mois?

La semaine dernière, la chroniqueuse-vedette du Globe and Mail Margaret Wente s'est retrouvée au coeur de l'actualité après avoir été dénoncée par une blogueuse qui avait découvert plusieurs ressemblances entre ses textes et ceux d'autres auteurs déjà publiés. Mme Wente n'est pas la seule à s'être fait prendre. L'été dernier, deux vedettes du monde journalistique américain ont dû s'excuser pour avoir commis la même erreur. Fareed Zakaria a reconnu qu'un paragraphe de sa chronique dans Time avait été copié dans le New Yorker. Le prolifique commentateur (il travaille aussi pour CNN et le Washington Post, entre autres) a mis la faute sur son horaire très chargé et a promis de revoir sa charge de travail (il n'a perdu aucun de ses emplois à la suite de cet aveu).

Pour sa part, Jonah Lehrer s'en tire un peu moins bien. Après avoir été accusé de s'autoplagier d'une chronique à l'autre, l'auteur d'un essai sur la créativité (douce ironie) a dû reconnaître avoir commis plusieurs erreurs déontologiques, dont celle d'avoir mis dans la bouche du célèbre Bob Dylan des paroles qu'il n'avait jamais prononcées. C'est un autre journaliste, fan de Dylan, qui l'a épinglé. Quelques recherches de la part d'un employé du magazine Wired, auquel Jonah Lehrer collaborait régulièrement, ont démontré que le plagiat était pratiquement une méthode de travail pour M. Lehrer, qui a perdu tous ses contrats et prépare, nous dit-on, une réponse à cette mésaventure professionnelle.

Faut-il blâmer l'industrie des médias au grand complet et l'ensemble des journalistes qui y travaillent pour les manquements d'une poignée d'individus qui ont choisi la facilité et le mensonge? Ce serait dommage. Zakaria, Wente et Lehrer travaillaient tous les trois pour des médias jouissant d'une excellente réputation. Il ne s'agissait pas de journalistes juniors subissant des pressions d'employeurs sans scrupules, mais bien de journalistes d'expérience travaillant pour des publications aux exigences déontologiques élevées. Ces trois journalistes ont toutefois quelque chose en commun: ils sont très demandés. En plus de leurs chroniques, on leur demande de participer à des émissions de radio et de télévision afin de commenter l'actualité. Certains prononcent des conférences sur une base régulière. D'autres publient des livres. Bref, ce sont des gens ambitieux qui sont devenus de véritables célébrités dans leur domaine.

Leur plagiat est le fruit d'une décision personnelle, mais on peut toutefois se questionner sur cette tendance des médias à vouloir produire des vedettes à tout prix, à leur demander de se démultiplier sur de nombreuses plateformes, à avoir une opinion à la minute et à être partout à la fois. La qualité et la profondeur prennent du temps, et certains journalistes, visiblement plus pressés que d'autres ou plus paresseux, c'est selon, choisissent de tourner les coins ronds pour répondre à la demande.

Dans une chronique où elle s'excusait auprès de ses lecteurs, Margaret Wente a également reconnu que les journalistes vivent aujourd'hui dans une tour de verre: leur travail est scruté à la loupe par les internautes qui peuvent utiliser les réseaux sociaux pour sonner l'alarme lorsqu'ils constatent des manquements. Bref, les tricheurs se font prendre beaucoup plus rapidement. Voilà pourquoi les médias devraient redoubler d'efforts pour s'assurer de la qualité de leur contenu. Il serait malhonnête intellectuellement de conclure que tous les journalistes sont des plagiaires potentiels - la très grande majorité d'entre eux travaille très fort, dans l'ombre pour la plupart, et n'a jamais copié ne serait-ce qu'une virgule -, mais ce n'est pas une raison pour ne pas réfléchir à des façons de mieux encadrer le travail journalistique, dans un environnement où les journalistes sont poussés à réagir de plus en plus vite. Après un accident de la route, les coroners font toujours des recommandations pour qu'un accident semblable ne se reproduise plus. Cette approche devrait inspirer le monde journalistique.

Mort d'Arthur Ochs Sulzberger

L'ancien éditeur du New York Times Arthur Ochs Sulzberger est mort samedi à 86 ans. Il a dirigé les destinées du célèbre quotidien durant 34 ans. C'est lui, entre autres, qui avait pris la décision de publier les Pentagone Papers dans l'affaire du Watergate. C'est son fils, Arthur Sulzberger Jr., qui est actuellement éditeur du journal, et ce, depuis 1992.

Le web sur la télé

Il n'y a pas si longtemps, lorsqu'on voulait regarder une vidéo sur YouTube, il fallait absolument allumer son ordinateur personnel. Ce n'est plus le cas. De plus en plus de téléviseurs permettent de regarder les vidéos sur notre écran de télé. Résultat: il y a désormais plus de gens qui visionnent des vidéos web sur leur télé que sur leur ordinateur personnel (environ 45% contre 31%, selon NPD). Le service le plus populaire: Netflix, sans surprise.

(Sources: Peter Kafka, allthingsd.com)