Bernard Arnault, l'homme le plus riche de France, intente des poursuites contre le journal Libération pour «injures publiques».

Hier, le quotidien français a déclenché une polémique en titrant à la une: «Casse-toi riche con!» Ce titre provocateur coiffait la photo de M. Arnault, une grosse valise à la main.

Pourquoi tant de haine à l'endroit du président du holding de luxe LVMH, propriétaire de marques aussi prestigieuses que Christian Dior, Louis Vuitton, Moët et Chandon, Château d'Yquem et Sephora? On soupçonne M. Arnault, qui souhaite adopter la nationalité belge, de vouloir échapper au taux d'imposition de 75% que le gouvernement socialiste de François Hollande veut imposer aux Français gagnant plus d'un million d'euros par an. Le titre de Libé est également une référence au «Casse-toi, pauvre con» lancé par le président Nicolas Sarkozy à un quidam au Salon de l'agriculture il y a quelques années.

Dans les réseaux sociaux, les internautes sont déchaînés. Nombreux sont ceux qui accusent le journal d'avoir dépassé les bornes alors que d'autres saluent l'audace du quotidien.

Du côté de Libération, on invoque l'ironie et la liberté d'expression. «On ne fait pas des unes et des manchettes en fonction des impératifs publicitaires», a déclaré à l'AFP le directeur délégué de la rédaction de Libération, Vincent Giret. «S'il y a une certaine dureté, une certaine vulgarité à la une de Libération, poursuit-il, c'est précisément parce que la situation l'est aujourd'hui. La décision de Bernard Arnault contient aussi une dose de vulgarité que nous renvoyons dans un effet boomerang.» Loin d'être démontée par les démarches judiciaires du milliardaire, la rédaction de Libé en remet ce matin. «Bernard, si tu reviens, on annule tout!», titre le quotidien, en référence au texto que Nicolas Sarkozy avait envoyé à son ex-femme la veille de son mariage avec Carla Bruni. Décidément, ça joue dur dans l'Hexagone.

Avec la collaboration de l'AFP