La bataille judiciaire entre Quebecor et Radio-Canada pourrait reprendre: le PDG de Quebecor, Pierre Karl Péladeau, a indiqué jeudi que son entreprise examinait ses recours légaux contre le diffuseur public.

M. Péladeau réagissait ainsi à la sortie de CBC/ Radio-Canada, mercredi, dans laquelle la société d'État a accusé le géant québécois des médias de mener une campagne de dénigrement à son égard par l'intermédiaire de ses journaux.

«Mais voici ce que Quebecor ne vous dit pas, peut-on lire dans la déclaration: Quebecor a reçu plus d'un demi-milliard de dollars des contribuables en subventions et avantages directs et indirects au cours des trois dernières années, et ce, sans rendre de comptes aux Canadiens.»

CBC/Radio-Canada a ajouté que M. Péladeau avait «envoyé plus d'une douzaine de lettres au premier ministre et à d'autres membres du gouvernement pour se plaindre que Radio-Canada n'achète pas suffisamment d'espace publicitaire dans ses journaux».

«Je trouve cela complètement diffamatoire et dangereux, affirme Pierre Karl Péladeau. Parce que j'ai regardé les chiffres qui ont été mentionnés et je n'ai jamais rien vu d'aussi faux et malicieux. En fait, en ce moment, nous examinons nos recours légaux pour déterminer quelle sera notre réponse.»

Le PDG comparaissait en comité parlementaire à Ottawa jeudi matin, dans le cadre d'une étude portant sur le respect par le diffuseur d'État de la Loi sur l'accès à l'information. Comme plusieurs autres sociétés d'État ou ministères, CBC/Radio-Canada s'est souvent fait accuser par le Commissariat à l'information de ne pas respecter ses obligations en vertu de cette loi.

La comparution d'une heure est rapidement devenue une guerre de tranchées, opposant, d'un côté, les partis de l'opposition, et de l'autre, les conservateurs et le témoin.

Les députés du NPD et du Parti libéral ont reproché au PDG les attaques répétées que son groupe médiatiquedirige vers Radio-Canada depuis plusieurs années. Les conservateurs et Pierre Karl Péladeau ont, pour leur part, poursuivi leurs charges contre le manque de transparence et l'influence énorme exercée par la société d'État.

M. Péladeau a présenté son groupe de presse comme étant plus ou moins le seul ayant l'indépendance requise pour s'en prendre à ce joueur imposant de l'industrie médiatique. Tous les autres, dont La Presse ou Gesca qu'il a mentionnés à plusieurs reprises, sont «inféodés» ou en conflit d'intérêts, en raison des revenus importants qu'ils tirent de leurs relations commerciales avec le diffuseur public, a-t-il accusé.

Le député conservateur Dean Del Mastro, qui mène la charge pour son parti dans ce dossier depuis le départ, l'a encensé pour son «courage».

Ce ne serait pas la première fois que les deux gros joueurs de l'industrie médiatique croisent le fer devant les tribunaux: en mai dernier, Pierre Karl Péladeau a abandonné une poursuite en diffamation qu'il avait intentée contre le vice-président principal de Radio-Canada, Sylvain Lafrance, qui l'avait traité de «voyou» sur les ondes pour avoir mis fin à sa participation au Fonds canadien de télévision.