L’hybridation des genres est une spécialité d’Anne Peyrouse, et sa plus récente œuvre, Anne Hébert, si tu veillais ma tristesse, ne fait pas exception. Parue aux éditions Hamac, qu’elle dirige par ailleurs, cette œuvre d’une grande qualité a la faculté de provoquer une réflexion féministe pertinente en plus de bouleverser par ses passages les plus poignants.

Dans cet habile tissage entre prose et vers et entre fiction et autobiographie, l’autrice convoque Anne Hébert, sa mère littéraire, et Nicole Derail, sa mère biologique. Deux fantômes qui habitent Peyrouse : la première est morte il y a 20 ans, et la deuxième, en 2020 : toutes les deux avaient 83 ans.

Parenthèse : il n’est pas indispensable de connaître l’écrivaine de Kamouraska pour apprécier ce livre, mais vous serez sans doute curieux après l’avoir découvert par fragments.

« J’aimerais être ta complice. Que tu m’adoptes. Carrément. Que tu m’amènes. Pourtant, j’ai une maman. Tu serais une autre mère. Tu es une autre mère. Une autre Anne », écrit Anne Peyrouse.

Dans ce livre intelligemment ficelé, qui profite de la plume expérimentée de celle qui le signe, il est question tant de féminité, de maternité et de deuil que du pouvoir immense de la littérature. C’est une œuvre à plusieurs dimensions, qui mobilisera les grands lecteurs qui croient dur comme fer que les livres nous accompagnent toute la vie.

Anne Hébert, si tu veillais ma tristesse

Anne Hébert, si tu veillais ma tristesse

Éditions Hamac

192 pages

8/10