Maude Vézina est docteure en santé des populations. Dans Yu Kam, son premier roman, elle s’abreuve de son travail de recherche en santé publique pour construire habilement un récit de fiction, campé dans l’intimité de femmes lao.

Il y a au Laos une pratique traditionnelle appelée « yu kam », à laquelle se soumettent des femmes venant d’accoucher afin de, croient-elles, favoriser leur rétablissement. Pendant ce rituel du lit de feu, qui peut durer jusqu’à un mois, la nouvelle maman doit rester allongée sur un lit chauffé par les braises et est soumise à un régime alimentaire strict, essentiellement composé d’infusions chaudes, de riz et de sel.

C’est sur ce lit de feu que s’allongent Mee et Miou, deux amies venant d’accoucher qui apprivoisent de façon fort différente leur nouvelle réalité. Comment parler de santé mentale dans une langue où le mot « dépression » n’existe pas ? Tim, un journaliste québécois venu au Laos pour documenter la dépression post-partum, croisera le chemin de Mee et de Miou par l’entremise de leur amie Seng, qui s’unit à lui pour briser ce tabou.

Dans une écriture simple, empreinte de douceur, Maude Vézina aborde, sans tomber dans la noirceur, un sujet difficile et universel qu’elle connaît bien, ayant réalisé un mémoire de maîtrise sur le lit de feu et la dépression post-partum chez les femmes lao. Transportés dans une culture si loin de la nôtre, nourris par les descriptions précises et vivantes de la ville de Ventiane, c’est aussi dans un voyage immersif que nous convie l’autrice, par un récit qui s’annonçait plutôt prévisible et linéaire, jusqu’à ce que le destin s’emballe, à un souffle de se conclure.

Yu Kam

Yu Kam

Québec Amérique

256 pages

7/10