En studio, le nouveau cycle de Radiohead est un peu moins électronique que le précédent, plus rock, plus folk, plus orchestral. En spectacle? Nous sommes dans ce même continuum de recherche et de raffinement amorcé depuis OK Computer, soit à la fin des années 90: encore et toujours, Radiohead demeure au confluent de l'art de de la culture pop.

Dimanche soir, la majorité absolue des festivaliers s'était déversé au pied de la scène de la Rivière. Il fallait travailler très fort pour discerner ce qui se passait sur scène, ou bien s'éloigner de ces festivaliers irrespectueux qui s'étaient payé une «expérience», un bruit de fond haut de gamme, au lieu d'un spectacle total auquel on doit se consacrer pleinement. 

La plus haute densité jamais ressentie à Osheaga? Enfin... jamais vu ça depuis le spectacle d'Eminem en 2011.

Comme prévu, le supergroupe d'Oxford a très bien fait les choses pour nous ravir: six écrans au-dessus de la scène, trois écrans de côté où les images tournées en direct sont quadrillées à la manière d'un damier. Teintes de rouge, de vert, d'ocre, de beige, de noir, de blanc. Élégant et spectaculaire, façon Radiohead. 

D'entrée de jeu, c'était l'évocation du chaos humain et de la fin de l'Histoire, c'était l'atteinte du point de non retour mise en rimes, c'était l'échec de la vie intime transformé en mélodie, c'était Burn The Witch et Daydreaming

Les fréquences se sont musclées, Ful Stop a précédé l'explosive 2+2=5. Encore une fois, le quintette anglais devenu sextuor (un batteur supplémentaire)  a brassé ses cartes et modifié son programme comme il le fait depuis les débuts de sa tournée.

Ainsi, des chansons comme Bodysnatchers, Nude, Reckoner, Pyramid Song ou Bloom ont été enchaînées en début de programme, mais nous avons eu droit à un dosage équilibré de l'entière discographie avec une part congrue du nouvel album, A Moon Shaped Pool.

Thom Yorke, Jonny Greenwood et leurs collègues se sont même permis une authentique exploration avec la pièce Feral, transmutée en une sorte d'électro-jazz-prog pas piquée des vers. On aura, par ailleurs, remarqué l'accélération du tempo dans l'exécution de l'incontournable Everything in Its Right Place. On se sera également réjoui du puissant et très contemporain crescendo électronique de la version actualisée d'Idioteque.

Les nostalgiques auront peut-être versé une larme à l'écoute de la première chanson au rappel, la très générationnelle Let Down, suivie de Present Tense et d'autres hymnes emblématiques de la génération X, soit Paranoid AndroidExit Music (for a Film) et Karma Police. Avec amour, cette dernière fut grattée à la guitare de Thom Yorke , quelques strophes furent reprises à l'unisson par le public, le tout coiffé par un I lost myself, I lost myself bien appuyé au finish.

Les fans n'ont pas été en reste au second cycle de rappels. Après Lotus Flower, le spectacle s'est conclu sur Creep. Difficile de mieux boucler la boucle d'un concert qui ne sera probablement pas considéré comme un des plus remarquables de Radiohead donnés à Montréal.

***

 

Liste des chansons de Radiohead interprétées à Osheaga :

1. Burn the Witch

2. Daydreaming

3. Ful Stop

4. 2 + 2 = 5

5. Bodystatchers

6. Nude

7. Reckoner

8. Pyramid Song

9. Bloom

10. Identikit

11. The Numbers

12. The Gloaming

13. Feral

14. Weird Fishes / Arpeggi

15. Everything in its Right Place

16. Idioteque

17. There There

Premiers rappels : 

18. Let Down

19. Present Tense

20. Paranoid Android

21. Exit Music (For A Film)

22. Karma Police

Deuxièmes rappels :

23. Lotus Flower

24. Creep

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE