The Walkmen ont créé six albums studio constitués essentiellement de chansons originales, dont le récent Heaven, dont les critiques ont été très majoritairement élogieuses. La formation américaine poursuit sa marche vers une maturité que peu de collègues ont acquise sur le territoire de la chanson rock d'allégeance indie.

Le groupe a été fondé à New York par deux noyaux de musiciens pour la plupart originaires de Washington DC, issus des groupes Jonathan Fire*Eater et The Recoys. Depuis l'an 2000, le leadership créatif est partagé par des membres de chacun de ces noyaux: le guitariste et pianiste Paul Maroon crée les charpentes chansonnières, le chanteur et guitariste Hamilton Leithauser en écrit les paroles et en configure les trajectoires mélodiques.

«Nous travaillons ensuite sur l'habillage de ces charpentes et mélodies. Mais nous sommes devenus plus méthodiques qu'à l'époque où nous nous retrouvions à cinq dans une même pièce dès le départ du processus créatif», explique Pete Bauer, bassiste et claviériste des Walkmen.

Au fil du temps, la formation a migré vers une forme assez classique de l'expression rock: instruments acoustiques ou électriques, parti pris pour sonorités vintage, exclusions de la lutherie numérique, sobriété et élégance. Ce qui n'exclut en rien l'attitude rock et les évocations d'un passé plus échevelé.

«Oui, convient notre interviewé des Walkmen, nous avons atteint une sorte de classicisme... Et nous pourrions fort bien tourner le dos à cette approche au prochain album. Je m'imagine bien faire quelque chose d'un peu plus étrange la prochaine fois.»

Rappelons au demeurant que Heaven a été réalisé à Seattle par Phil Ek et qu'il comprend les contributions de l'Anglais Simon Raymonde (Cocteau Twins), ainsi que des Américains Robin Pecnold et Morgan Henderson du groupe Fleet Foxes.

«Nous avons grandi artistiquement, notre progression nous a menés naturellement vers une plus grande expertise. Nous avons travaillé fort, nous nous sommes améliorés et j'ose croire que nous sommes meilleurs que nous l'étions. Certaines chansons peuvent mettre de l'avant la personnalité de Hamilton alors que d'autres expriment un travail collectif, un son de groupe dans lequel se fond le chanteur.

«En fait, la chanson elle-même nous guide vers son traitement. Après avoir fait un certain nombre d'albums, un groupe doit aussi trouver son inspiration dans les angles d'attaque de chacune de ses nouvelles chansons. Nous faisons en sorte que nos sources d'inspiration restent clairsemées, de manière à pouvoir circuler entre elles et varier les propositions.»

La simplicité de l'émotion, le côté direct, sans détour est une caractéristique de l'album Heaven dont Pete Bauer n'est pas peu fier.

«Le chant y est différent, les histoires y sont plus personnelles en ce sens qu'elles sont reliées à l'intimité. Cela a déterminé une partie de la forme musicale de ces chansons: avec deux accords, et un texte qui exprime une émotion vraie, on peut créer des hymnes débordants de vie. Cette capacité d'écrire simplement des textes aussi évocateurs me mène à penser qu'Hamilton a acquis une grande maîtrise.

«Auparavant, les mots de nos chansons étaient plus distanciés, se rapprochant davantage du genre récit de voyage. Cette fois, il n'a pas eu peur d'aborder des souvenirs touchants et de relations de proximité. Le plus beau dans tout ça, c'est qu'il n'y a rien de forcé. Je ne crois pas pour autant que Heaven soit supérieur à nos albums précédents mais il l'emporte dans la communication immédiate.»

Ainsi, The Walkmen font la tournée des festivals, et l'escale montréalaise est prévue à Osheaga, ce vendredi après-midi.

Pete Bauer explique le programme: «Les chansons de Heaven y seront principalement interprétées puisque nous ne disposons pas de beaucoup de temps pour explorer notre répertoire antérieur. Jouer rapidement, en fait, peut donner de bons résultats comme il peut en donner de mauvais. Cela dépend de la foule, de la température, de plusieurs facteurs. Honnêtement, nous préférons donner de longs spectacles. Il se peut fort bien, d'ailleurs, que nous revenions à Montréal en 2013.»

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The Walkmen, vendredi, 14h, Scène de la Montagne d'Osheaga.