Depuis ses débuts il y a 11 ans, Montréal en lumière nous a habitués à une programmation éclectique, éclatée... Mais cette année, c'est le mot «foisonnement» qui s'impose pour qualifier les 40 spectacles au menu, tant cela va de tous bords tous côtés! Histoire d'éviter toute confusion dans cette profusion, l'équipe des Arts de La Presse a dressé sa propre classification du festival.

JAZZ

La Japonaise Hiromi est la plus spectaculaire des femmes pianistes à élire domicile sur la planète jazz. Pendant que les spécialistes lui attribuent des fautes de goût, son public grandissant ira l'entendre solo.

Aux chapitres de la composition et de la direction d'orchestre, la saxophoniste Christine Jensen est dans le peloton de tête du jazz montréalais, tous sexes confondus.

Les fans de performance technique et les férus de batterie risquent d'assister au concert de l'Américain Steve Smith et son Vital Legacy.

Chanteuse respectée des jazzophiles de Montréal parce qu'elle y a vécu plusieurs années, la subtile Jeri Brown pourra de nouveau compter sur un accueil chaleureux.

Montréalais d'adoption, le contrebassiste Adrian Vedady propose une soirée relevée avec son quartette.

Certes l'un des pianistes les plus aguerris de la scène locale, Matt Herskowitz s'amène en trio. Enfin, le super trompettiste Arturo Sandoval, célébrissime transfuge cubain, revient épater la galerie. (-Alain Brunet)

 

- Hiromi solo (Gesù, le 18, à 20h)

- Christine Jensen (Gesù, le 19, à 20h)

- Steve Smith's Vital Legacy (Gesù, le 20, à 19h)

- Jeri Brown (Le balcon, les 21-22, à 20h30)

- Adrian Vedady Quartet (L'Astral, le 24, à 19h)

- Arturo Sandoval (Métropolis, le 26, à 20h)

- The Matt Herskowitz Trio (Centre Segal, le 28, à 20h)

 

Photo: Muga Muyahara

Musique du monde

On connaissait Agnès Jaoui, l'actrice et Agnès Jaoui la réalisatrice. Mais il y a aussi Agnès Jaoui la chanteuse, née au carrefour de la chanson française et des musiques latines, auteure de deux albums méconnus de ce côté de la grande flaque. Ses trois spectacles montréalais (du 25 au 28) constituent un des points d'interrogation de la programmation world de Montréal en lumière, qui s'annonce par ailleurs assez tropicale.

Outre les artistes de culture lusophone, mentionnons le retour du guitariste espagnol Jorge Martinez et du «trip-hoppeux» argentin Federico Aubele, deux artistes qui ont choisi l'hybridation comme terrain d'expression. Le premier est un virtuose du «nuevo flamenco», alors que le second se spécialise dans la modernisation du tango, de la bossa et du boléro.

Soulignons le concert du Cuban Martinez Show, un groupe de salsa cubano-canadien et celui du Colombien Roberto Lopez, figure bien connue de la scène world montréalaise.

Au final, aucune raison pour ne pas bronzer des oreilles. (-Jean-Christophe Laurence)

- Jorge Martinez (L'Astral, le 18, à 22h)

- Federico Aubele (L'Astral, le 20, à 22h)

- Agnès Jaoui (Cinquième salle, les 25-26-27, à 20h)

- The Cuban Martinez Show (L'Astral, le 25, à 22h)

- Constantinople (Pierre-Mercure, le 26, à 20h)

- Roberto Lopez Project (L'Astral, le 26, à 22h)

- Calexico (Métropolis, le 18, à 20h)

Photo: Patrick Swirc

WORLD lusophone

On ne le réalise peut-être pas, l'espace lusophone est trois fois plus considérable sur terre que le francophone, d'où l'intérêt de cette mise en lumière à Montréal.

La Portugaise Misia (photo) figure parmi les réformatrices du fado, une tradition à laquelle elle confère des éléments de rock et de pop. Né à Lisbonne, émigré au Canada à l'âge de 13 ans, le chanteur Tony Gouveia s'est reconverti au fado en 2005, et compte nous faire tanguer sur sa saudade.

Citoyenne du monde et portugaise d'origine, l'actrice Maria de Medeiros peut aussi chanter, notamment avec de petits ensembles jazzy bossa.

La Portugaise Ana Moura est aussi de cette nouvelle fournée de fadistas, préconise une approche plutôt traditionnelle malgré un look moderne.

Du Brésil, une des plus belles voix s'amène: Virginia Rodrigues se joint au Buena Vista Social Club, célébrissime marque cubaine comme on le sait.

De Montréal, nos meilleurs artistes d'origine brésilienne nous ont préparé une nuit chaude; Paulo Ramos, Bïa, Monica Freire, Nico Béki, Peninha, Marcos Brasil. (-Alain Brunet)

- Misia (Cinquième salle, les 18-19, à 20h)

- Tony Gouveia (L'Astral, le 20, à 19h)

- Maria de Medeiros (Cinquième salle, les 20-21, à 20h)

- Ana Moura (Pierre-Mercure, le 27, à 20h)

- Virginia RodrigUes&Orquesta Buena Vista Social Club (Wilfrid-Pelletier, le 26, à 20h)

- La nuit brésilienne (Paulo Ramos, Bïa, Monica Freire, Nico Béki, Peninha et le danseur Marcos Brasil) (L'Astral, le 27, à 22h)

Photo: Youssef Nabil, Universal AZ Arts

ARTS DE LA SCÈNE

Le corps comme métaphore du monde: voilà qui pourrait résumer l'esprit qui anime ce volet de Montréal en lumière. Pour cette édition placée sous le signe du soleil en plein coeur de l'hiver, on a notamment fait appel à la torride et flamboyante troupe cubaine (et toute féminine) Lizt Alfonso Dance Cuba, qui s'inspire cette fois des quatre éléments fondamentaux pour parler de la naissance du monde. En fait, que ce soit sous l'angle de la science, la lumière, le temps ou la violence, toutes les chorégraphes invitées aborderont le thème de l'univers et de la vie... jusqu'à s'interroger, du côté théâtre musical, sur la vie éternelle ou, du côté circassien, sur la vie de fou. Dans tous les cas, une constante : le physique qui défie la physique! (-Marie-Christine Blais)

- Les 7 Doigts de la main (La Tohu, les 18-19-20-23-24-25-26-27, à 20h; aussi le 27, à 14h)

- Séverine Lombardo et Anne Thériault (Tangente, les 18-19-20, à 19h30, et le 21, à 16h)

- The Mid-Life Crisis of Dionysus (Théâtre Mainline, les 18-19-20-21-24-25-26-27-28, à 20h)

- Lise Vachon et Maria Kefirova (Tangente, les 25-26-27, à 19h30, et le 28, à 16h)

- Gina Gibney Dance (Agora de la danse, les 25-26-27, à 20h)

- Lizt Alfonso Dance Cuba (Wilfrid-Pelletier, le 27, à 20h)





Photo fournie par le Festival Montréal en Lumière

MUSIQUE CLASSIQUE

Le droit fil du volet classique du festival? Tous les spectacles ont une forte teneur québécoise, avec une valeur ajoutée vraiment pas banale. Le cas type, c'est bien sûr le fougueux jeune chef d'orchestre québécois Yannick Nézet-Séguin, bien connu de tous: il dirigera l'Orchestre Philharmonique de Rotterdam (il en est le directeur musical), qui ne s'est jamais produit à Montréal auparavant!

Idem pour les deux spectacles (l'un autour de Bach, l'autre axé sur Hildegarde von Bingen) de l'excellent contre-ténor québécois Daniel Taylor: il sera accompagné pour l'occasion par nulle autre que la grande soprano britannique Emma Kirby.

Dans le cas de l'OSM, orchestre québécois s'il en fut, le «plus», c'est évidemment la présence, rare, du violoniste russe Vadim Repin. Et qu'en est-il des orchestres québécois I Musici et des Violons du Roy? Les premiers invitent le violoniste Alexandre Da Costa et le pianiste Wonny Song, les seconds articulent leur concert autour d'un invité inusité: le basson! (-Marie-Christine Blais)

- I Musici (Salle Pollack, le 18, à 20h)

- Daniel Taylor et Dame Emma Kirby (Chapelle Notre-Dame de Bon-Secours, les 19-20, à 19h30)

- Les Violons du Roy (Pierre-Mercure, le 20, à 20h)

- L'Orchestre philharmonique de Rotterdam et YNS (Wilfrid-Pelletier, le 21, à 19h30)

- OSM, Nagano et Vadim Repin (Wilfrid-Pelletier, le 24, à 20h)

Photo: Patrick Sanfaçon, La Presse

Rock et chanson

L'été dernier, Jorane faisait la fête avec l'Orchestre métropolitain

sur la grande scène extérieure des FrancoFolies, devant une

mer de monde. Tout un contraste cette fois: l'inclassable artiste

nous revient toute seule, dans l'ambiance chaude du Lion d'Or.

Parmi les autres concerts à ne pas manquer, soulignons la rentrée

montréalaise des Trois Accords et d'Elisapie Isaac qui nous ont donné

deux des albums québécois les plus réussis de 2009. (-Alain De Repentigny)

- Jorane Solo Lion d'or, les 18, 19 à 20h

- Andrea Lindsay L'Astral, les 18, 19 à 19h

- Slim Williams et invités Le Balcon, les 18, 19, 20 à 20h30

- Papagroove L'Astral, le 19, à 22h

- The Aggrolites Métropolis, le 19, à 22h

- Final Fantasy Théâtre Outremont, le 20, à 20h30

- Pavlo, Rik Emmett et Oscar Lope L'Astral, le 21, à 20h

- Elisapie Isaac L'Astral, les 23, 26 et 27, à 19h

- Martine St-Clair Gesù, les 24 et 26, à 20h

- Ian Kelly Club Soda, le 25, à 20h

- Les Trois Accords Métropolis, le 25, à 20h

Photo: Le Soleil

ÉVÉNEMENTS

Si vous avez lu Livre du constant désir, le plus récent recueil de poèmes de Leonard Cohen, vous avez sûrement remarqué les croquis et autoportraits qui illustrent ses poèmes, proses et textes de chansons. Ce n'est qu'en 2007 que Cohen a accepté de regrouper une cinquantaine de ses dessins, réalisés depuis 50 ans, dans une expo qui a voyagé à Toronto, Vancouver et Londres avant d'arriver enfin dans sa ville natale. L'entrée est gratuite. - Alain de Repentigny

- Expo Leonard Cohen (Galerie de la Maison du Festival, du 18 février au 9 mai)

- Roman Zavada joue du piano sur des films de Chaplin dans Du cinéma muet au piano parlant (Le Balcon, les 23-24-25-26-27, à 20h30)

- Nuit Blanche: Karnival V.2 avec Poirier (Club Soda, le 27, de 21h à 3h)

EN RAPPEL

- Paradis perdu (Théâtre Maisonneuve, les 18-19-20, à 20h)

- Grand Corps Malade (Métropolis, le 19, à 19h)

- Yann Perreau (Métropolis, le 20, à 20h)

- Zachary Richard (L'Astral, le 25, à 19h)

- 12 hommes rapaillés (Wilfrid-Pelletier, le 25, à 20h)

- Chloé Sainte-Marie (Gesù, le 27, à 20h)