On nous avait avertis: habillez-vous légèrement, il va faire chaud dans ce spectacle créé par David Bobée, qui nous vient du Centre dramatique national de Haute-Normandie. L'avertissement n'était pas inutile...

Le mercure, nous dit-on, est monté jusqu'à 45 degrés Celsius dans la salle. Encore plus sur la scène (où nous étions invités à le constater), qui donnait la sensation d'être mis au four pour une cuisson lente. Pourquoi cette chaleur vous demandez-vous?

Parce que Bobée nous fait ici le récit d'un fantasme imaginé par une femme - présente sur scène - qui nous narre ses rêveries érotiques mettant en vedette... deux artistes de cirque masculins. Tiens, tiens...

Les deux hommes en questions, Edward Aleman et Wilmer Marquez - deux Colombiens formés en France - multiplient les figures de main à main au rythme de ces mots très explicites qui simulent une relation sexuelle jusqu'à l'orgasme.

Ne vous excitez pas trop, lecteurs concupiscents. Si la prémisse de départ est intéressante, l'érotisation à outrance de l'artiste de cirque tel qu'exprimé (au micro) par Séverine Ragaigne, finit par être agaçante et répétitive.

Heureusement, nos deux hommes font des figures épatantes. Par une chaleur, rappelons-le, qui commande plutôt un rhum-ananas. Les deux artistes qui présentent un autre spectacle (Quien Soy?) à Complètement cirque se livrent à nous jusqu'à épuisement.

À mesure que le spectacle progresse, Aleman et Marquez se versent de l'eau sur la tête et sur le corps, rendant les portées hyper dangereuses. Glissant sur le plancher couvert d'eau, tombant à la renverse, ratant des culbutes...

De voir ces acrobates de talent se porter et se lancer jusqu'à l'exténuation a quelque chose d'épique et d'extraordinaire qu'on vous recommande, mais qui n'a pourtant rien de sexuel - à moins de porter sur eux un regard sexuel comme le fait la narratrice.

Les nombreux «Allez les garçons, touchez-vous, prenez-vous, encore!» finissent par produire l'effet contraire... Peut-être qu'un peu plus de nuances de gris aurait été souhaitable, des chuchotements par exemple, pour alterner avec les cris de domination...

Si le culte du corps de l'acrobate peut entraîner des fantasmes sexuels variés - je suis loin d'être contre - le texte de Roman Chéneau manquait clairement... de préliminaires.

Comme le disait Roxane à Christian, qui voulait la séduire sans l'aide de Cyrano: «Vous m'offrez du brouet quand j'espérais des crèmes! Allez rassembler votre éloquence en fuite!»

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Jusqu'au 7 juillet à l'Espace GO.