C'est aujourd'hui qu'auront lieu les avant-premières de la comédie Un homme, deux patrons, adaptation anglaise de la pièce de Carlo Goldoni, Arlequin, serviteur de deux maîtres. La pièce que le dramaturge Richard Bean a transposée dans la ville balnéaire de Brighton se passe ici, à Magog.

Juste pour rire n'a pas dû hésiter longtemps avant de confier la mise en scène d'Un homme, deux patrons à Normand Chouinard. Une pièce pour 17 comédiens menés par Marcel Leboeuf, Dominique Pétin et Sébastien Dodge. L'acteur et metteur en scène, qui vit à Saint-Denis-de-Brompton, près de Magog, connaît parfaitement le répertoire comique des Molière, Feydeau et autres Goldoni, maître de la commedia dell'arte.

Mieux, il a lui-même joué dans la pièce originale de Goldoni en 1984, au TNM, dans une mise en scène de Guillermo de Andrea. «J'étais trop grand pour jouer le rôle d'Arlequin, qui est un «petit brunet», raconte Normand Chouinard. C'est le clown Rodrigue Chocolat Tremblay qui avait eu le rôle. Moi, je jouais le personnage de Brighella, l'hôtelier qu'incarnera Widemir Normil.»

Il y a deux ans, le metteur en scène a lu l'adaptation de Richard Bean, One Man, Two Guvnors, qui a été créée au National Theatre de Londres en 2011, puis à Broadway l'an dernier. «Ce que j'aime dans cette pièce, c'est la liberté laissée aux acteurs, précise Chouinard. Ce sont des comédies inventées à partir du jeu des acteurs. Des acteurs qui jouaient avec des masques pour se moquer de leurs proches.»

L'adaptation de Richard Bean est restée fidèle au récit de Goldoni. Celle d'Un homme, deux patrons aussi. «Le scénario est rigoureusement le même, explique Normand Chouinard. Ce qui est changé, c'est le cadre géographique, et les lazzi [ces jeux de scène sans texte], qui ont été renouvelés. Mais pour ce qui est de l'histoire, rien n'a été changé.»

Cette histoire tourne autour du personnage d'Arlequin qui, du jour au lendemain, se trouve à travailler pour deux maîtres, dont l'un a tué le frère de l'autre dans un duel. Au lieu d'être des marchands vénitiens, ses deux patrons sont des acteurs de la pègre, à Brighton, dans les années 60. Une intrigue amoureuse s'y greffe puisque, dans le costume du premier maître, se cache l'amoureuse du second.

Pour la création québécoise, Arlequin s'appelle Francis Frenette, le personnage qu'incarnera Marcel Leboeuf.

«Si on cherche une ligne directrice, poursuit Chouinard, on peut dire que c'est la revanche des dominés. Les pauvres et les exclus de la terre réussissent à se placer, parce que lorsqu'on est mal pris, on peut devenir débrouillard et créatif. C'est le cas de Francis Frenette. Il y a du Bougon en lui. C'est drôle, Les Bougon, mais ça part d'une situation dramatique.»

Au lac plutôt qu'à la mer

Pourquoi avoir situé l'action à Magog? «Brighton est une ville de bord de mer, répond Normand Chouinard. On a pensé à la Gaspésie, mais on n'a pas vraiment d'équivalent ici, donc on a opté pour une ville de villégiature qui a eu son heure de gloire dans les années 50 et 60, avec le textile et les chaussures. Au lieu d'être près de la mer, c'est près d'un lac...»

Les nombreux changements de décor imaginés par Richard Bean ont été reproduits par Geneviève Lizotte. Pour marquer ces changements de lieux, le compositeur anglais Grant Olding a créé des pièces qui sont des pastiches des chansons des Beatles. Normand Chouinard a fait de même, en s'adressant à Jean-Claude Marsan, arrangeur de Plume Latraverse.

«C'est une comédie de situation. Les gens vont aimer Marcel Leboeuf. Ils vont voir tout ce qu'il est capable de faire, surtout dans les lazzi, c'est sa grande force.»

__________________________________________________________________________________

Au Monument-National à partir du 17 juin.