Le dispositif scénique déployé pour cette adaptation du film Octobre, de Pierre Falardeau, est à la fois impressionnant et ingénieux.

Une immense structure d'acier a été montée sur la grande scène du Théâtre Jean-Duceppe. C'est de là que les spectateurs, répartis sur deux étages, assistent à la représentation. Avec une vue en plongée sur le sol, où se trouvent les ravisseurs du ministre du Travail de l'époque, Pierre Laporte.

Martin Genest nous donne ainsi à voir, de l'extérieur, le plan détaillé de cette maison de la Rive-Sud où s'est joué cette partie d'échecs politique marquée par le rapt improvisé de la cellule Chénier du FLQ, qui a mené à la proclamation de la Loi sur les mesures de guerre, et qui s'est terminée, comme on le sait, par la mort du célèbre otage.

Le metteur en scène nous fait ainsi revivre, dans l'ordre chronologique des événements, les quelque sept jours de séquestration du ministre par les frères Rose (Jacques et Paul), Francis Simard et Bernard Lortie. Avec des projections au sol, astucieuses, qui nous transportent, par exemple, en voiture ou dans le métro de Montréal.

Où est-ce que tout cela nous mène exactement? Malheureusement, nulle part. On rejoue le film de ce kidnapping au coeur de ce qu'on appelle la Crise d'Octobre. Mais pour y amener quoi de plus que ce qu'on savait déjà? Rien, justement. On tente de créer un thriller dont on connaît déjà l'issue. Avec bien peu d'émotions.

On le sait, il existe plusieurs versions de ce qui s'est vraiment passé dans cette maison. Et sur les circonstances exactes entourant la mort de Pierrre Laporte. L'écrivain Louis Hamelin en a d'ailleurs fait le sujet de son roman La constellation du Lynx, paru l'an dernier. Martin Genest n'explore pas ces pistes. Il relaye la version officielle, celle du meurtre, pourtant plusieurs fois contestée.

Quant à la relation qu'entretiennent les ravisseurs avec leur otage, encore une fois, on reste sur notre faim. La plupart du temps ils se comportent comme des voyous, parfois avec respect. On comprend bien qu'ils sont dépassés par les événements, mais on n'a rien pu tirer, dramatiquement, de cette relation particulière bourreau-victime.

La vérité c'est qu'on ne s'attache à aucun personnage. Même «l'enfer» de Pierre Laporte nous laisse de glace. Le concept de Martin Genest était pourtant prometteur. La scénographie et la mise en scène sont certainement réussies, mais le résultat final manque de ressort. De ces «moments» forts qu'on aurait pu tirer de ce récit.

> Les 4 et 5 juin au Théâtre Jean-Duceppe