À l'ère de la fermeture de grands studios, Alexandre Désilets s'est offert le luxe d'enregistrer son nouvel album, Windigo, au studio 12 de Radio-Canada avec quelque 17 musiciens. Avec l'aide de l'arrangeur François Richard, du chef d'orchestre Benoit Groulx et du réalisateur Rob Heaney, Désilets a revisité des chansons phares de son répertoire. Un projet d'envergure qui est reproduit ce soir sur la scène du Gesù.

Alexandre Désilets caressait depuis le début de sa carrière l'idée d'un projet orchestral, mais il lui fallait attendre d'avoir la maturité et le matériel nécessaires. «Trois albums plus tard, c'était le temps.»

L'auteur-compositeur-interprète a su mener son projet à bon port grâce à son étiquette de disques, Indica, et à son équipe de gérance, 4 de trèfle. En fin de compte, il revisite 10 de ses chansons et offre deux inédites, accompagné d'un orchestre de quelque  musiciens.

«Oui, c'est un statement», opine Alexandre Désilets.

«Ce n'est pas parce qu'il y a une dépréciation de la musique qu'il y a une dépréciation artistique. Je crois que les produits de qualité ont toujours leur place. Nous avons encore les subventions pour le faire et pour payer les collaborateurs. Tout bien considéré, ça n'a pas coûté si cher.»

Il faut dire que chaque acteur s'est investi à fond dans le projet. Citons quelques noms: le batteur Robbie Kuster (Patrick Watson), le guitariste Olivier Langevin (Galaxie), le contrebassiste Mathieu Désy et le batteur Alexis Martin.

Il faut aussi souligner les heures de travail de l'arrangeur François Richard, du chef d'orchestre Benoit Groulx et du réalisateur Rob Heaney, un vétéran qui est derrière les albums du Cirque du Soleil et qui a travaillé avec Patrick Watson, Laurence Jalbert et Isabelle Boulay.

«J'ai rencontré Alexandre grâce à Jim Corcoran qui m'a vanté sa voix», nous a-t-il expliqué en février dernier au studio 12 de Radio-Canada.

«Ce projet est parfait pour moi, car nous avons deux jours de répétition, donc j'ai le temps de bouger des instruments pour être le plus près possible du mixage dès l'enregistrement.»

Des studios mythiques qui ferment

En décembre dernier, le réputé studio montréalais Victor a fermé ses portes en raison de la chute des budgets de production et de la démocratisation des technologies. La tendance est internationale. Le mythique Magic Shop de New York (fréquenté par Lou Reed et David Bowie) et les Doppler Studios d'Atlanta ont aussi mis fin à leurs activités dans la dernière année.

Dans ce contexte, Rob Heaney souligne le caractère exceptionnel du projet de Désilets. «C'est une occasion en or, souligne-t-il. Je suis dans le métier depuis 30 ans. Aujourd'hui, les budgets équivalent au tiers de ce qu'ils étaient. Tout le monde essaie des formules plus économiques qui prennent moins de temps. Cet album est inhabituel pour notre époque. Nous sommes chanceux.»

Fiori, Dufresne...

François Richard a travaillé sur les arrangements sans compter les heures. Le résultat est fort probant. «Nous ne voulions pas que les arrangements soient une entrave aux textes et aux mélodies; il fallait laisser de la place à la voix», se réjouit Désilets.

En plus du spectacle de ce soir et de la sortie du disque vendredi, le chanteur a des FrancoFolies chargées: il a pris part au spectacle Fioritudes sur la place des Festivals vendredi dernier et il sera de l'événement de clôture Intemporelle, en hommage à Diane Dufresne, samedi.

Il espère également présenter le spectacle orchestral de Windigo dans d'autres villes du Québec.

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Alexandre Désilets, accompagné d'un ensemble de 16 musiciens et deux choristes, se produit ce soir, 20 h 30, au Gesù.