Le chanteur français Bertrand Belin est de ces artistes de la chanson qui finissent par s'imposer sans avoir fait de tapage.

Il fait des albums depuis près de 10 ans: Sans titre (2005), La perdue (2007), Parcs (2013 - relancé au Québec parce qu'il se produit aux FrancoFolies).

Il écrit pour d'autres, crée des chansons pour le théâtre. Il a récemment enregistré avec H-Burns et Jonathan Morali (chanteur du groupe français Syd Matters) pour un maxi vinyle. «Je n'écris pas plus que je ne publie», dit-il.

À 43 ans, Bertrand Belin est de ces créateurs qui semblent trouver sans chercher.

«Mon originalité est fortuite, je ne m'en rends pas compte du tout. Pour l'artiste, sa propre voix est un étranger. J'ai toutefois constaté que ma voix a trouvé son lit au fil du temps. J'ai commencé à observer mon inconscient, mais je n'ai pas mis de mots sur ces sensations. Faut pas trop.»

Je est un autre

Bertrand Belin est de ceux pour qui «je» est clairement un autre. Il ne tient «pas trop» à identifier les matériaux de son édifice, la nature de son architecture.

«Je souhaite faire quelque chose qui ne soit pas cousu de fil blanc, dit-il. Il est quand même possible de réinventer un peu, de faire des phrases qui n'ont jamais été formulées. Et d'ainsi maintenir un état de plaisir avec soi-même.»

Il est de ces paroliers qui ne déversent pas des torrents de mots. «Je suis en quête d'une certaine économie de moyens, de forme, de vocabulaire, poursuit-il. Je n'ai pas de thème de prédilection, mais j'évoque la disparition, la fuite du temps. On vit, on meurt, on baise, on boit un petit coup.

«La musique a une bonne part de prise de parole dans une chanson. Ainsi, je suis très sensible au discours musical. Il apporte de l'information sur l'humeur, le ton, la façon de prendre les choses. La musique prend en charge une partie du récit.»

Made in Sheffield

Bertrand Belin est de ces Français qui aiment enregistrer chez les Anglais. Parcs, sorti il y a un an et relancé en Amérique francophone, a été fait à Sheffield.

«Avec mes musiciens (Tatiana Mladenovitch, batterie, Thibault Frisoni, basse et guitare), j'ai passé une quinzaine de jours à Sheffield. De retour en France, j'ai fait des claviers avec Olivier Daviaud. Ce dernier tourne avec nous, sans compter Jean-Yves Lozac'h (de Syd Matters) à la basse.»

Bertrand Belin est de ces paroliers qui savent aménager des parcs dans leur univers poétique. «Je n'avais pas de chansons qui pouvaient devenir le titre de cet album. J'ai cherché dans les textes, puis j'ai remarqué que le thème du parc revenait. Dans le disque, quelques scènes de parc sont assez troubles...»

À l'évidence, Bertrand Belin est de ces gens qui laissent des traces.

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Bertrand Belin participe au spectacle extérieur de Louis-Jean Cormier ce soir, 18h, sur la scène Ford. Demain, il joue sur la scène Loto-Québec, 20h.